Le 5 Septembre dernier, Jean-Kacou Diagou, le patron des patrons ivoiriens et président du groupe banque-assurance NSIA, qui était au terme de son deuxième mandat, a été reconduit à l’issue de l’ Assemblée générale à la tête de la Confédération Générale des Entreprise de Côte d’Ivoire, pour la deuxième fois consécutive, et pour une durée, cette fois, d’un an, à titre exceptionnel. (Photo du nouveau siège du patronat ivoirien)
Dans une interview accordée au Journal gouvernemental Fraternité Matin, Jean-Kacou Diagou qui a reconnu les tensions qui ont eu cours au sein de l’organisation patronale à la veille de l’Assemblée générale a affirmé que la prorogation de son mandat est le résultat d’un consensus. «Je ne doutais pas que nous serions arrivés à ce consensus. Parce que nous avions toujours fonctionné de cette manière. Le Conseil qui a eu lieu avant l’assemblée générale a permis d’obtenir le consensus et de maintenir la cohésion au sein de notre organisation. Nous sommes donc arrivés à cette assemblée unis », a-t-il déclaré au lendemain de sa reconduction.
Pour le patron assureur-banquier et, contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, «il n’y a pas d’unanimisme au patronat. Chacun a sa position à défendre. C’est à force de discuter que nous parvenons à trouver un juste milieu». Question pour le dirigeant de Nsia de faire comprendre à ceux qui le soupçonneraient de vouloir «gouverner à la soviétique » ou selon le mode de gouvernance des anciens partis uniques africains qu’il n’est pas candidat à vie. « Je ne suis pas candidat pour un troisième mandat. Les textes ne me permettent pas. Mais le conseil ayant estimé qu’il n’était pas en mesure de trouver un candidat de consensus dans un délai proche, m’a fait la proposition de proroger mon mandat d’une année. Proposition à laquelle j’ai accédé après une longue période d’hésitation. Car, j’ai la conviction qu’à un moment, il faut savoir passer la main pour accompagner le changement », plaide-t-il.
Sa carrière de patron des patrons préoccupé par l’avenir du secteur privé en Afrique, Jean-Kacou Diagou n’entend pas l’enterrer après sa retraite de la CGECI : «J’ai, de tout temps, eu envie de faire avancer les choses aux plans national et international pour le secteur privé. Ce rôle, je continuerai de le jouer, même après avoir quitté mes fonctions de président du patronat ivoirien », confie-t-il. Il est vrai, avec son groupe Nsia devenu en très peu de temps un fleuron sous-régional dans le secteur de la banque-assurance, Jean-Kacou Diagou porte une grande ambition pour le secteur privé ivoirien et même ouest-africain, puisqu’il préside depuis quelques années, parallèlement, aux destinées de la Fédération des Organisations patronales d’Afrique de l’Ouest (Fopao), qu’il considère comme un précieux outil d’une intégration qui a du mal à se vivre dans les faits, notamment dans le domaine du business.
Pendant l’année supplémentaire qu’il va passer au patronat ivoirien, le patron de Nsia met en priorité le renforcement de la cohésion au sein de l’organisation qui aura à se doter de nouveaux textes. Il compte aussi contribuer à consolider le partenariat Etat-secteur privé. Dans le cadre de ce partenariat avec les pouvoirs publics, il espère avec le soutien du gouvernement mettre en place des procédures visant à promouvoir des entreprises «champions nationaux et sous régionaux». Il a en outre l’ambition d’amener le patronat à entreprendre des actions de sensibilisation auprès des femmes et des jeunes afin de les motiver à la création de richesses et d’emplois. « Cgeci Academy », une plate-forme d’entrepreneurship, sa trouvaille lancée l’an dernier et qui a suscité un grand engouement auprès des jeunes ivoiriens, est un de ses chevaux de bataille pour promouvoir l’esprit d’entreprise au sein de la jeunesse.
En Afrique, plus que les idées et les programmes de changement, les symboles physiques à l’image des œuvres de Pharaon, ont un impact sur la psychologie des dirigeants. L’une des fiertés du fondateur de Nsia sera matérialisée par un important symbole. Dans quelques mois, le patron des patrons fera inaugurer par les autorités du pays, au coeur du quartier des affaires du Plateau, le nouveau siège futuriste de son Institution qui a pris des galons en vingt ans d’existence.
Avec Jean-Kacou Diagou, le patronat ivoirien né au tout début des années quatre vingt dix et qui en est à son troisième président est à un âge de maturité. Après que l’ingénieur-manager Marcel Zadi Kessy, actuel président du Conseil Economique et Social ivoirien, ancien patron de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE), de la Société de Distribution d’eau de Côte d’Ivoire (SODECI) et des filiales du Groupe Bouygues en Afrique de l’Ouest, l’ai mis sur les fonts baptismaux. Quand, sous la pression des Institutions de Brettons wood, sonna l’heure de la concertation avec le secteur privé ivoirien, alors marginalisé par un Etat-capitaliste fragilisé par la crise économique et l’ajustement structurel. On l’avait alors baptisé, Conseil National du Patronat Ivoirien, CNPI.
Albert Savana, Abidjan