Le dernier colloque sur le rôle du secteur privé dans l’intégration économique maghrébine, organisé mi octobre à Rabat sous l’égide de la Commission économique de l’Afrique (CEA) et du Maghreb économique forum, a eu le mérite de démontrer la convergence de vue des entrepreneurs de cet ensemble régional représentant 20% du PIB de l’Afrique. Financial Afrik était présent à cette rencontre.
Ibrahima Dia, Nouakchott
Et si l’intégration financière prenait le lead sur une intégration politique en panne depuis les attentats de l’hôtel Atlas Hasni à Marrakech en 1994? Et si le contournement de la fermeture de la frontière algéro-marocaine depuis bientôt 20 ans ainsi que l’impossibilité pour une entreprise de l’un de ces deux pays de s’établir dans l’autre se faisait par le secteur bancaire?
Car, en dépit de ce climat politique peu adapté, les échanges entre les banques et les institutions financières se multiplient, posant la nécessité d’un référentiel réglementaire commun. A ce propos, Lahssane Ben Halima, directeur de la supervision à Bank Al Maghrib, préconise une harmonisation des banques maghrébines à travers l’adoption de standards internationaux comme Bâle III.
Restera arprés tout, à trouver des facteurs d’harmonisation tenant compte des disparités entre les différents pays. A titre d’illustration, le total bilan d’Attijariwafa Bank équivaut à celui de tout le système bancaire tunisien; De même, la capitalisation boursière de la place casablancaise atteint 42 milliards d’euros (52% du PIB) contre 8 milliards pour sa consoeur tunisienne (20% du PIB) , l’une et l’autre place n’assurant cependant que 7 à 10% du financement de l’économie. En Algérie, la bourse mise en place dans les années 90 est dans sa première phase. Les contraintes des réglementations de change entre les différents pays sont à prendre en compte dans le peu d’échanges existant entre les différents marchés des capitaux de la région;
« Cette intégration financière est la clé de voûte de l’intégration régionale, car elle est la plus faisable et la plus optimale par rapport aux autres formes d’intégration, en termes de rapport délais/bénéfices/coûts et peut constituer un excellent catalyseur de croissance en générant des économies d’échelle et en accélérant le rythme des réformes », note Lamia Merzouki, Directeur stratégie et partenariats de Casablanca Finance City, la structure sensée faire de la capitale économique marocaine un hub financier entre l’Afrique et le reste du monde.
Pour l’heure, chaque pays du Maghreb dispose de sa monnaie (non convertible) d’un système de change hermétique et d’une réglementation qui n’offre aucune garantie réelle à la libre circulation des facteurs de production;