Naha Mint Mouknass, la présidente de l’Union pour la Démocratie et le Progrès, revient au gouvernement avec le portefeuille du Tourisme, du Commerce et de l’Industrie. Voici ce que nous pensons de cette personnalité d’exception, seule femme chef de parti en Mauritanie.
Par Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott
Il y a le rapport au père et le rapport à la Nation. «La simple idée de succéder à mon père me bouleversait. J’ai mis du temps pour me décider, poussée par de nombreuses personnalités du parti. J’ai voulu me soumettre à la décision du Congrès.
Depuis, je travaille «dur» pour jeter les bases d’un parti moderne, solide, pouvant résister à toutes les vicissitudes
du temps », confiait-elle à un journal maghrébin il y a quelques années ». Le temps est passé. Beaucoup d’eau a coulé dans les oueds.
Loin des débats politico-politiciens, Naha Mint Mouknass de l’UDP (Union pour la Démocratie et le Progrès) incarne une certaine Mauritanie du juste milieu. Celle défendue par feu son père Hamdi Ould Mouknass, diplomate de carrière, qui a toujours cherché le compromis au nom de l’intérêt supérieur de la Nation. C’est dans cette nuance, tout de tact et de
finesse, qu’il faut chercher le cadre général de l’action de l’UDP.
Sous Naha Mint Mouknass, le parti n’a pas déserté le combat politique ni ses responsabilités, en s’engageant dans la
majorité présidentielle. En juin 2008, à quelques mois de la rectification, l’UDP avait claqué la porte de cette même majorité présidentielle, signifiant son désaccord avec la politique de l’époque.
Aussi, cet engagement aux côtés du président de la République, Mohamed Abdel Aziz, se conçoit comme la résultante
d’un accord sur certains points relatifs à l’intérêt supérieur de la Mauritanie.
C’est dire que l’ancienne élève au lycée national, titulaire d’un bac D, ayant entamé des études de médecine à Dakar, obtenue un diplôme de 3e cycle option management à l’Institut supérieur de gestion (Paris), n’a pas été la première femme arabe ministre des Affaires étrangères par hasard.
Versée dans l’art de la politique, elle confiait à une publication panafricaine en 2006 que «gouverner c’est donnerdes ordres ».
Dans un pays où la chose politique est du ressort de l’homme, l’ex ministre des Affaires étrangères parviendra à
créer le consensus autour de sa personne. L’UDP est l’un des rares partis sans crise politique majeure durant lesdix dernières années. Certains dans le landerneau politique, lui reprochent son mutisme obstiné. C’est que, confie-t-on dans son entourage, la politique ne relève pas du folklore mais de la stratégie et de l’efficacité.
Si la démocratie est, véritablement, le gouvernement par la majorité au nom de l’intérêt général, il faut en convenir,
relève un cador du parti, que cette chose développée par les grecques ne doit pas être réduit à de l’arithmétique
électorale. En éclaireur du peuple, le leader démocrate se doit de garder les yeux sur les lignes directrices
profondes qui conduisent la Nation.
Dans cet exercice difficile, l’émotion, nécessaire pour haranguer des foules, cesse d’être utile au politicien dés
lors qu’il veut réfléchir et agir. Voici la vision de Naha Mint Mouknass, dont la stoique ¨apparence est à peine
atténuée par un petit sourire qui illumine un visage qui sort d’un voile pudique. « Pour le regard extérieur,
à première vue, la femme en Mauritanie n’a pas beaucoup de droits… Mais pour le regard intérieur, ou plus
“initié”, la femme joue un rôle essentiel, primordial. Dans notre société, pour toutes ses composantes, c’est elle
qui gère l’essentiel et peu de choses lui échappent, même si elle reste discrète, en retrait de la première scène. Au
fond, elle est en général courageuse, intelligente, elle inspire les décisions, sans beaucoup d’effets ou de
bruits », déclarait-elle .