Dans une déclaration commune rendue publique à Lomé, les partenaires au développement du Togo dressent un tableau peu exhaustif des résultats 2014 de la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE), un document stratégique qui se veut un cadre de référence par excellence des priorités nationales sur le période 2013-2017.
Globalement, indique cette déclaration, les résultats demeurent quantitativement inférieurs aux cibles de la SCAPE, notamment celles du scénario accéléré, et insuffisants en rythme et en qualité, au regard du défi démographique du Togo et de son ambition d’émergence.
Pour ce qui est de la gestion de la finance publique, les partenaires au développement (dont le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement) constatent que leurs contributions ne sont pas exhaustivement prises en compte dans le budget, « ce qui limite la pertinence des analyses sur les allocations budgétaires et sur la qualité de la dépense ».
Par ailleurs, ils soulignent l’épineux problème d’alignement insuffisant du budget sur la SCAPE, et l’insuffisance des ressources financières malgré la création de l’Office togolais des recettes (OTR), régie des impôts et des douanes.
En effet, pour ce qui est de l’alignement du budget sur la SCAPE, les travaux d’infrastructures routières, opérés depuis 2010 sur fond d’endettement, ont vite fait d’absorber l’essentiel des ressources allouées à la lutte contre la pauvreté, comme inscrit dans le document stratégique adopté par l’exécutif togolais.
Un cadre de référence qui en exemple, a prescrit 17,45% pour le développement des secteurs à fort potentiel, qui se retrouvent à 6,24% du budget 2015. L’axe n°2, Renforcement des infrastructures économiques ne devant pas dépasser 10,24%, les autorités y ont consacré le double, soit 20,43% du budget.
Une situation qui ne passera pas inaperçue des partenaires au développement, qui ont vite fait de tirer la sonnette d’alarme, mais sans grand succès.
De même, les partenaires soulèvent que la question de l’insuffisance des ressources pour le financement de la SCAPE est évoquée de façon récurrente, « alors que la discussion globale sur le financement de la stratégie est demeurée de faible intensité en 2014 et que la perspective d’un programme avec le FMI n’a pas progressé ».
Toutefois, ils apprécient « l’effort de mobilisation des ressources internes consécutif à la mise en place de l’OTR, qui s’est traduit par une augmentation des recettes fiscales grâce à une nouvelle organisation institutionnelle et une stratégie appropriée de développement des ressources humaines ».
Et de saluer la couverture des besoins nationaux en produits céréaliers, dans la construction des infrastructures de transport et en ce qui concerne le taux d’achèvement du cycle d’éducation primaire.
De même, les partenaires félicitent les autorités togolaises pour l’adoption de la nouvelle loi organique des lois de finances (LOLF) et du code de transparence, qui ouvrent une nouvelle phase de la réforme des finances publiques visant une gestion axée sur les résultats, l’évaluation des performances, la transparence dans la gestion des fonds publics et la reddition des comptes ;
Recommandations
Au regard des principaux constats effectués sur la performance de la SCAPE en 2014, les partenaires au développement du Togo recommandent à Lomé, entre autres, d’assurer un meilleur alignement des budgets annuels sur les cibles de la SCAPE, notamment pour les secteurs sociaux, et de veiller à ce que la montée en puissance de l’OTR « ne se fasse pas au détriment d’un secteur privé formel encore embryonnaire, qui supporte l’essentiel de la base de l’impôt ».
Par ailleurs, au terme des différentes revues annuelles de la SCAPE, ils suggèrent au gouvernement togolais de refléter les ajustements préconisés dans les processus budgétaires suivants et dans les indicateurs de suivi à retenir, en prenant explicitement en compte les nouvelles orientations émergentes.
Et de recommander la promotion de l’autonomisation des programmes d’investissement des grandes entreprises publiques en renforçant durablement leurs structures financières, afin d’alléger le fardeau de la dette du pays et favoriser la relance, tout particulièrement en ce qui concerne la téléphonie et l’accès à internet, les mines, l’eau et l’énergie.
Par Nephthali Messanh Ledy