Par Amédée Mwarabu (Kinshasa)
Dès 2017, toutes les banques commerciales de la République démocratique du Congo doivent adopter le référentiel de l’International Financial Reporting Standard (IFRS) sur instruction de la Banque centrale. Cette mutation devrait ouvrir le secteur bancaire congolais à davantage des banques internationales mais surtout à se mettre au diapason des normes comptables internationales.
Le secteur bancaire de la République démocratique du Congo (RDC) n’a pas d’autres choix que se mettre en phase de la mondialisation tant au niveau des normes comptables que de la technologie. Il en va de son émergence mais surtout c’est le seul moyen d’accompagner durablement le développement de l’économie nationale en ce moment où la RDC ne cache pas ses ambitions d’émergence à l’horizon 2030.
Dans cette perspective, le secteur bancaire ne pourrait rester en marge. Sans un secteur financier fort, à même de financer efficacement les leviers de développement comme l’agriculture, l’industrialisation, les petites et moyennes entreprises ; des objectifs aussi précieux que la diversification économique, la promotion de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes ou simplement la popularisation de l’utilisation des services financiers ne seront pas atteints.
C’est dans ce cadre que s’inscrit l’accord signé par la Banque centrale du Congo et l’Association des banques congolaises sur l’adoption, dès 2017, par tous les établissements de crédit, du référentiel de l’International Financial Reporting Standard (IFRS). Promulgué par l’International Accounting Standard Board (IASB), ces normes comptables sont aussi celles appliquées par les grandes institutions financières internationales.
Les avantages attendus par la RDC
La RDC a compris que dans un monde aussi globalisé où les capitaux, les marchés et les entreprises sont internationaux, la comptabilité financière doit, elle aussi, être internationale pour atteindre l’objectif de comparer les états de performance et attirer les cas échéants des investisseurs étrangers. C’est depuis mai 2012 que la RDC dispose d’un guide comptable des établissements de crédit (GCEC) entièrement conforme aux IFRS appelé GCEC-IFRS.
Le référentiel IFRS offrira une meilleure visibilité aux banques congolaises en ce qu’elles présenteront, désormais, leur rapport annuel selon les normes comptables internationales. Ainsi, les différents états financiers des banques congolaises peuvent être analysés et comparés à d’autres institutions bancaires du continent ou du monde.
L’adoption du référentiel IFRS devient une exigence de la mondialisation. Bien plus, les banques partenaires des banques congolaises pourront aussi disposer d’une bonne grille de lecture des performances réalisées en RDC. Tout aussi, les multinationales et les investisseurs étrangers, à la recherche d’une banque partenaire pour le développement de leurs activités en RDC, pourront évaluer correctement la situation financière et ses performances avant de décider, étant donné que cette comptabilité donne une information comptable cohérente répondant aux critères internationaux.
Les banques congolaises font l’éloge de l’IFRS
Le recours aux normes IFRS, sur instruction de la Banque centrale a été bien accueilli par les banques opérant en RDC. « Dans notre rapport annuel 2014, le bilan, l’état du résultat global, l’état de variation des capitaux propres et le tableau des flux de trésorerie ont été présentés en mode dégradé IFRS sur base du bilan certifié par le commissaire aux comptes de la Trust Merchant Bank. Aujourd’hui, la banque se félicite du choix effectué, d’autant que dès 2017, toutes les banques seront appelées à procéder de la sorte », se félicite la Trust Merchant Bank (TMB) dans son rapport de l’exercice 2015 publié récemment.
Pour Daniel Kasongo, directeur financier de la TMB, « en anticipant sur la migration attendue pour 2017, nous pouvons mesurer l’impact que celle-ci aura notamment sur les fonds propres, les immobilisations et le portefeuille crédits ». « Le passage aux normes IFRS présente d’autres avantages. Ainsi, les comptes des banques locales, filiales de groupes étrangers, pourront plus aisément être consolidés. Jusqu’ici, ces banques tiennent une double comptabilité, ce qui représente un coût certain. Les normes IFRS pourraient également pousser des banques internationales à s’intéresser au Congo », soutient Daniel Kasongo.
La Banque commerciale du Congo (BCDC) a été aussi une des premières institutions bancaires congolaises à appliquer le référentiel IFRS depuis son exercice 2014. « En 2014, elle [la BCDC] fut la première banque à répondre de manière complète aux directives de la Banque Centrale du Congo portant sur la publication des comptes annuels selon les normes comptables internationales IFRS. La BCDC renforce ainsi sa réputation de banque de qualité auprès de ses banquiers correspondants et affirme son rôle de banque responsable », note la BCDC. Les banques congolaises estiment que le référentiel IFRS confère une bonne « réputation » de l’institution auprès de ses banquiers correspondants.
Booster les flux financiers
Les avantages attendus de l’adoption en RDC des standards comptables IFRS doivent tendre à l’augmentation du volume des flux financiers dans le secteur bancaire notamment avec l’arrivée des nouveaux établissements de crédit. En RDC, le circuit bancaire formel draine encore un faible volume des flux financiers commerciaux. L’informel occupe l’essentiel des transactions commerciales. Les statistiques officielles estiment à plus de 75% le volume des échanges commerciaux dans le secteur informel. Ceci reste une niche importante que le circuit bancaire formel devrait capitaliser.
C’est à peine en 2015 qu’une première banque commerciale vient de franchir le cap de 1 milliard de dollars américains de total bilan en RDC. Ceci est un exploit au Congo Kinshasa. Mais, il ne l’est aucunement au Kenya ou au Nigéria par exemple. En effet, la Rawbank, numéro un des banques commerciales en RDC, a été la première à franchir, au cours de l’exercice 2015, le cap de 1 milliard Usd en atteignant 1 milliard 86 millions Usd de total bilan pour un portefeuille de dépôt de 733 millions Usd.
La deuxième banque de la RDC, la BCDC affiche un total bilan de 685,2 millions Usd en 2015, résultat d’ailleurs en progression de 16% par rapport à l’exercice 2014. La TMB a, quant à elle, fait 620 millions Usd de total bilan sur la même période, en progression de 8% par rapport à 2014.
Ces résultats du trio de tête du secteur bancaire en RDC illustre à suffisance la faiblesse de volume de flux financiers que draine le secteur bancaire dans un pays où le Produit National Brut (PNB) est estimé à plus de 31 milliards Usd en 2015, selon la Banque mondiale.
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