« Notre objectif est de placer l’économie bleue dans l’agenda international », affirme d’emblée Charles Gaëtan Xavier-Luc Duval, vice premier ministre de Maurice, à l’ouverture, le 2 septembre 2016, de la conférence interministérielle africaine sur l’économie maritime et les changements climatiques. Quelque 14 pays du contient étaient représentés à cette réunion tenue à Balaclava (30 km de Port-Louis) et destinée à définir une plateforme commune en vue de la prochaine COP 22 (du 7 au 18 novembre) à Marrakech.
La rencontre de Maurice met l’accent sur l’économie bleue, domaine qui ne bénéfice pas de la même attention que l’Agriculture dans le changement climatique. Or, argue M. Luc Duval, « l’impact du changement climatique sur l’Océan est aussi important ».
Cet impact est encore plus accentué en Afrique, relève Jamal Saghir, conseiller régional principal pour la région Afrique au sein de la Banque Mondiale. « Un tiers des populations du continent vivent sur les côtes. Plus de 50% des PIB de l’Afrique de l’Ouest dépend de la mer », précise l’expert algérien.
Pour sa part, Premdut Koonjoo, ministre de l’économie océanique, des ressources marines, de la pêche, de la navigation et des îles extérieures, a mis en exergue la volonté de son pays de faire de l’économie océanique une force de développement. Cela passe par un effort dans la R&D, la mise en place effective d’une faculté dédiée à l’économie maritime, d’incitations fiscales pour attirer les grands investisseurs et le toilettage des dispositifs relatifs aux PPP.
Prenant la parole à la suite du ministre mauricien, José Graziano Da Silva, directeur général de la FAO, s’est réjoui du lien que fait cette conférence entre l’Océan et le changement climatique. « Une première » aux yeux du patron de l’agence onusienne basée à Rome. Et M. Da Silva de mettre en exergue l’initiative « Croissance bleue » introduite par la FAO lors de la COP 21 de Paris et fondée sur la résilience dans la pêche à travers notamment l’aquaculture. « Nous allons présenter quelques réalisations liées à cette initiative lors de la prochaine COP 22 », ajoute le haut fonctionnaire brésilien, appelant les pays africains à faire front contre la pêche illégale. « Seuls 9 pays africains ont signé et ratifié l’accord sur la pêche illégale », déplore-t-il.
Quel autre pays que le Togo pourrait -il mieux illustrer les enjeux écologiques et géostratégiques de l’Afrique de l’Ouest ? « Le golfe de Guinée génère 70% de la production gazière en Afrique », souligne le premier ministre de ce pays, Komi Sélom Klassou, appelant à une démarche commune pour faire face aux menaces d’ordre sécuritaire et environnemental. « 38 pays africains disposent d’une façade sur la mer. D’où, l’intérêt de développer des économies marines en préservant les écosystèmes ». Il convient, poursuit le premier ministre, de déterminer les modalités de financement de ce type d’économies. La tenue à Lomé du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement d l’Union africaine, du 11 au 15 octobre prochains, abordera ces différents thèmes en profondeur.
Dernier à intervenir lors de la séance inaugurale, le premier ministre mauricien, Sir Anerood Jugnauth, a mis l’accent sur le potentiel extraordinaire de l’économie bleue et le contexte fragile des pays insulaires..En clair, l’Afrique devrait trouver une vision commune pour faire face à l’érosion qui menace ses façades maritimes, de l’Atlantique et de l’Océan Indien.
Adama Wade