La troisième édition du Forum Champions & SME Africa s’est ouverte le 17 novembre 2017 à Abidjan en présence du ministre ivoirien du Commerce, Jean-Louis Billon et de son homologue gabonais, BM Moussavou, ministre des PME chargé de l’entrepreunariat national. Dans son allocution d’ouverture, Didier Acouetey, président d’Afric Search et commissaire général du Forum, a mis en exergue l’importance des petites entreprises, vecteurs de la croissance économique, appelées à grandir: «Nous ne pourrons pas développer l’Afrique sans champions», a-t-il déclaré face aux 300 PME participantes et à un écosystème d’acteurs structurants allant des opérateurs de garantie (African Guarantee Fonds, Gari), des banques spécialisées (Cofina) des hommes et femmes de réseaux.
Prenant la parole, Félix Bikpo, chief executive officer d’African Guarantee Fund et chef de file des sponsors de l’événement, a insisté sur la recherche de solutions pratiques aux défis posés pour permettre l’accès des PME au financement. « Notre rôle en tant qu’institution de garantie c’est de diminuer le risque posé aux PME afin de les rendre bancables ».
L’AGF qui a émis 250 milliards de FCFA de garantie, permis de lever 450 milliards et et créé 11 000 emplois durant ces dernières années est incontestablement l’un des acteurs forts d’un écosystème qui comprend aussi les banques de Développement et les DFI. « Cette conférence sur les Champions est très importante car portée sur le futur. Nous espérons qu’elle traduira en réalité le rêve des jeunes porteurs de projets, des femmes transformatrices et des PME », a déclaré Vera Songwe, directeur régional de l’IFC. Et de poursuivre : «Notre présence à ce Forum montre notre engagement. Dans notre portefeuille, il y a 7 milliards de dollars de financement dédiés aux entreprises dans le monde», déclare le directeur régional d’IfC qui recommande d’ aider les PME africaines à rejoindre les chaînes de valeur mondiales (global values chains).
Pour sa part, le Bissau guinéen Paulo Gomes, président de P&C Partners, a évoqué la nature macroéconomique qui a longtemps caractérisé la programmation des politiques publiques des États africains. « Nous avons compris maintenant qu’il faut descendre au niveau macro-économique, ce qui explique la forte croissance d’un pays comme la Côte d’Ivoire. Une synthèse hybride entre la macro et la microéconomie est nécessaire », declare-t-il le regard tourné vers le ministre Billon, lequel, de par sa trajectoire de membre éminent du secteur privé qui a rejoint le public, dirige un ministère stratégique avec une sensibilité et une culture d’un entrepreneur. « Ce grand rassemblement a un seul objectif: accélérer et consolider la transformation en marche de notre continent », a dit le ministre, saluant les organisateurs du Forum.
« La Cote d’Ivoire, martèle-t-il, a pour vocation d’être leader dans les initiatives dédiées au secteur privè tant il est évident pour le président Alassane Ouattara que la PME est le moteur du développement ». Et le ministre d’insister sur la qualité du leadership. « L’Afrique a besoin de leaders exigeants, jugés sur leur résultats et non leur posture », estime M. Billon appelant à faire tomber ce mur de méfiance entre secteur public et secteur privé, méfiance justifiant par ailleurs le maintient de beaucoup d’acteurs dans l’informel.
Et le ministre de mettre en exergue la montée en gamme des PME africaines, saluant au passage cette génération de talents à la tête de la vague de l’Afrocapitalisme qui souffle de toutes les parties du continent « Mais, tempère-t-il, cet élan économique endogène aussi fort soit-il, est encore insuffisant face aux 2 milliards d’habitants attendus dans les années à venir en Afrique et à l’entrée de 500 millions de jeunes dans le marché du travail ».
Face à ces défis sans précédent, monsieur Billon appelle l’Afrique à sortir des économies de rente pour une promotion forte de l’Afrocapitalisme en libérant les forces du marché pour les rendre plus justes, plus intégrées et plus dynamiques. « Si nous voulons imposer nos modèles dans les chaînes de valeur mondiale, nous devrons être plus fort, commercer plus entre nous et protéger les consommateurs ».
En clair, relève le ministre ivoirien, les entrepreneurs africains doivent créer de la richesse et non passer la journée dans les dédales de l’administration en esquivant le prochain contrôle fiscal. Aussi, l’éducation, la fiscalité et l’accès au marché constituent de ce fait les trois piliers sur lesquels il faudra insister a dit le minsitre Billon: « l’Afrique a plus besoin de plombiers, de banquiers et d’informaticiens que de professeras d’histoire et de sociologie». La fiscalité ne devrait pas être envisagée que seulement dans une dimension répressive » a encore insisté le ministre qui appelle à la généralisation des lois sur les PME de type small business act à l’américaine.
Présent à cette rencontre, Mossadeck Bally, patron du groupe hôtelier Azalaï, a relevé le paradoxe africain: » il est plus facile à un investisseur français ou américain d’accéder aux décideurs qu’à entrepreneurs africains ». Et d’ appelant de ses vœux à la mise en place d’une « administration forte, juste et compétente comme préalable ». La préférence nationale est une nécessité dit-il, rappelant qu’en Afrique francophone et contrairement à l’Afrique anglophone, cette préférence va en général aux entreprises étrangères. Il y a forcément urgence, a dit le ministre gabonais des PME à la suite de l’investisseur malien. « Nous devons être, nous ministres, serviteurs de nos PME. Nous avons l’intention de les suivre dans la sous-traitance en leur réservant une place dans la commande publique.
Adama Wade, Abidjan
2 commentaires
Merci pour ces belles intentions Messieurs mais vous êtes actuellement en fonction. Qu’attendez vous pour passer de la parole aux actes?
Pour la prochaine édition, il serait interessant de venir avec des propositions de loi concrètes, ce qu’attendent les PME je pense
Ce fut en tous cas un excellent Forum. Bravo aux organisateurs et surtout que l’Afrique politique s’engage effectivement dans la bataille. Vive le Forum 2017 pour la concrétisation de certaines décisions politiques.