Le groupe Addoha s’est fait attribué un bail de 40 ans sur 10 000 hectares de terre dans les communes de Dodel et de Demette. Il s’agit des terres du Fouta Toro (Nord du Sénégal) que le colon français avait laissé sous la gestion du droit coutumier.
La transaction s’est faite au prix de 2 milliards de FCFA. Selon le quotidien Sénégalais l’AS, les terrains sont destinés à la production du riz. Or, jusque-là, Anas Safrioui, milliardaire coté dans le magazine Forbes, avait taillé sa réputation dans la promotion du logement social au Maroc et la production du ciment en Afrique de l’Ouest et du centre.
Cette attribution soulève d’un côté la question légitime de la présomption d’accaparement foncier et, de l’autre, la non moins légitime volonté de l’Etat Sénégalais de parvenir à l’autosuffisance en riz. Problème, faut-il faire feu de tout bois ? Quel est le procédé utilisé pour déterminer le prix d’attribution ? Dans ce montant, quelles sont les parts revenues aux deux communautés rurales et celles dédiées aux propriétaires terriens?
Déjà attributaire du terrain de l’ex gare routière « Pompiers, au cœur de Dakar, où il est entrain d’ériger un progrès immobilier résidentiel baptisé « Cité de l’émergence », (et qui accuserait du retard), le groupe marocain propose d’affecter 2000 hectares aux villageois. Engagement sincère ou simple marketing communautaire ?
Un commentaire
[…] COMMUNE DE DODEL, Projet Filière riz,
PROCÉDURES TRONQUÉES, UN PROTOCOLE D’ACCORD MAL NÉGOCIE, RESSOURCES BRADEES ET DES POPULATIONS TETANISEES PAR la VENTE de 26% de leurs TERRES de l’Ile-à-Morphil:
A 2milliards pour le budget des communes et à 200millions de frais de bornage pour le trésor
[….] Ils montrent des cartes et ils font rêver la population d’un nouveau monde meilleur dans un mirage des milliards qui seront investis pour une durée de 40ans SUR 50% de leur potentiel agricole du terroir selon le POAS_Commune de DODEL (Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols).
Ce qui mérite aussi de souligner, aucune restitution villageoise n’a été faite avant l’affectation, aucune harmonisation avec des projets encours n’a été pensée, toutes les études antérieures des différentes cuvettes de ce terroir sont jetées dans les poubelles, les femmes et les jeunes ne sont pas mêmes considérés…bref les populations, qui espéraient des aménagements hydro agricoles par l’appui et l’accompagnement technique et financier de l’Etat et les collectivités locales où chaque famille aurait au moins un hectare, verra attribuer sur son propre terroir légué par ses braves aïeux que 5% (2000ha) contre 26% (10000Ha) de l’ensemble des terres de l’Ile-à-morphil pour un seul partenaire étranger.
Une affectation précipitée à un seul bloc de 50% des meilleures terres du terroir pour un seul privé au nom de la force du pouvoir et de l’argent c’est une première dans le Fouta. Ce qui est danger dans cette précipitation c’est que toutes les règles de gestion du POAS sont ridiculisées, les récentes affectations dans cette zone dans le cadre de la formalisation pour sécurisation foncière des activités de MCA-Sénégal sont oubliées par les mêmes autorités locales obnubilées justement par les 2milliards pour le budget des communes et 200millions de frais bornage du trésor. Par ailleurs, combien d’écoles, de dispensaires, de forage, d’aménagements hydro-agricoles, des clôtures avaient été construits dans la commune sans mettre en contre partie un centième mètre carré (m2) en jeu.
Pour venir au fond du protocole mal négocié, en parcourant ce document, l’on ne peut pas s’empêcher de qualifier ceci un véritable bradage de terre. Les représentants du peuple ont trahi la population de la commune de Dodel pour plusieurs raisons. Ils ont mis gracieusement à la disposition du « Partner » :
1. Dix milles (10000HA) pour un seul tenant (étranger) contre deux mille (2000) hectares pour les populations toutes confondues des deux communes (DODEL et DEMET) soit une amputation estimée à 26% des terres de l’Ile-à-Morphil, la zone situant entre le fleuve Sénégal au Nord (Mayo rewo), le fleuve Doué au Sud (Mayo Dodel), la commune de Gamadji Saré à l’Ouest et la commune de Doumga Lao à l’Est. C’est une étendue moins de 38000ha qui concentre plus de 35% des gros villages de la commune de Dodel.
2. Un millier d’emplois prioritairement des non qualifiés (pour ne pas dire les ouvriers saisonniers dans leurs propres terres, des gardiens pour sécuriser des biens et service des nouveaux colons) afin de créer une nouvelle bourgeoise.
3. Un bail de 80ans car la principale partie concernée (le Partner) honorera, à l’issue des premiers 40ans, ses modiques engagements désintéressés sans pitié vis-à-vis des propriétaires terriens.
4. Etant donné que le « Partner » ne vient pas jeter son argent par la fenêtre, il va faire une production de haute gamme inaccessible à une certaines couche de la population. Cette production serait exportée car en aucun cas, il n’est mentionné qu’elle est destinée aux marchés locaux.
5. Comment répartir les 2000ha aux différentes familles des propriétaires terriens et les autres familles membres des communes, alors qu’aucune étude au préalable n’a été faite avant la délibération de l’affectation pour élucider ces éventuels problèmes sociaux. S’il n’est pas pertinent de montrer ce qui va revenir pour ces milliers ayants droits en termes de lopin de terres, il faut noter quand même qu’elles risquent de s’engouffrer dans ce cercle vicieux de pauvreté par des endettements pour se procurer des paquets de matériel agricole. La raison en est qu’il faut impérativement satisfaire les normes standards pour être éligible pour tout exploitant à commercialiser sa production auprès du « Partner ».
6. Enfin, il est exclusivement permis au « Partner » la possibilité de cesser le contrat en cas de constater des résultats négatifs ou un changement d’objectifs. Par contre, pour les populations, il n’y a eu aucune disposition proposée afin de permettre aux communes de casser le protocole d’accord en cas de manquement des engagements de la part du « Partner » sauf celle mise en avant à l’issue de 40ans.
En somme d’après tout ce qui ce précède, il urge de revoir radicalement les termes du protocole d’accord entre les parties signataires et revenir également dans les meilleurs délais possibles de la délibération d’affectation des terres pour le projet afin de mettre en avant l’intérêt des propriétaires terriens, il faut donc :
• Diminuer la superficie octroyée au « Partner » et porter la superficie à aménager pour les populations à 5000ha
• Définir clairement les postes d’emploi offerts aux populations,
• Au lieu de soutenir financièrement les communes dans le cadre leur budget, offrir plutôt et gratuitement aux exploitants le paquet de matériel de production,
• Diminuer la durée de bail et donner à la partie signataire pour les populations la possibilité de revoir le contrat en cas de manquement des engagements du « Partner »
• Diversifier les partenaires et répartir les aménagements et les exploitations dans des différentes zones de cultures de la commune.
• La liste est loin d’être exhaustive, mais la mise sur pied un comité pilote composé toute la matière grise de la commune, il y aura certainement des accords consensuels respectant les intérêts des populations.
Il est souhaitable que les milliards mobilisés dans le cadre de la réalisation du PSE permettent à la mise en place des infrastructures structurantes et non l’achat des terres des populations au profit des agro-industriels. Les politiques de développement doivent tenir en compte l’extension des villages d’ici 40ans, les besoins des générations futures, les aires d’épanouissement, les aménagements des zones d’activités économique.
Les populations de Fouta-Toro et la commune Dodel de en particulier n’ont qu’une seule ressource et le prestige, leur terre, l’or légué par nos ancêtres « Kaŋnge Fuuta, ko leydi walo ».
Mr. Hamady Ismaïla SALL,
Ingénieur des travaux de la planification
Agent de développement et consultant du POAS,
1er Vice Président conseil départemental de la jeunesse de PODOR,
Email : hamadysall@yahoo.fr