La région du Golfe a connu en 2012 une très nette progression par rapport à 2011 avec l’émission de 14,1 milliards de dollars d’obligations de type sukuk. 2013 n’est pas en reste non plus, alors que cinq transactions ont déjà été conclues cette année.
Dubaï a annoncé il y a deux semaines avoir levé 1,25 milliard de dollars, en deux tranches, par le biais d’une émission mixte d’obligations islamiques. Cette nouvelle émission, sursouscrite 12 fois, démontre que cet Emirat a retrouvé la faveur des investisseurs internationaux. Pour organiser cette vente, la gouvernement s’est appuyé sur HSBC Holdings, Standard Chartered, Emirates NBD, Dubai Islamic Bank et la National Bank of Abu Dhabi. » La perception des investisseurs pour le risque crédit à Dubaï s’est considérablement améliorée en 2012 et cette tendance devrait continuer 2013″, Apostolos Bantis, un analyste crédit chez Commerzbank AG à Londres.« Nous avons une vision claire de ce secteur vital et nous voulons qu’il contribue de façon importante à notre économie nationale et aide à renforcer notre position en tant que capitale mondiale de l’économie islamique, » a déclaré l’émir de Dubai Cheikh Mohammed. Il a également indiqué que les Emirats disposent de tous les atouts pour devenir une plaque tournante de l’économie islamique, représentant environ un quart de la population mondiale. “Nous avons l’infrastructure, l’emplacement stratégique au cœur du monde islamique et, surtout, une connaissance et une expérience approfondie en économie islamique, finance islamique, ainsi que la volonté et l’ambition d’atteindre notre objectif.”L’intérêt pour la finance islamique a été renforcé par le crise financière mondiale, la crise de la dette dans la zone Euro à provoquer un retrait de certaines banques européennes dans certains pays arabes touchés par les révolutions comme l’Egypte ou la Tunisie.
C’est le cas en Egypte où le gouvernement a présenté une loi autorisant des émissions d’obligations islamiques pour aider à financer les déficits du pays, selon S&P.De même, le budget de la Tunisie pour 2013 prévoit le financement d’une partie du déficit public par des Sukuk. Pour stimuler leurs croissances et faire venir des investisseurs du Golfe qui cherchent des opportunités d’investissements charia-compatibles, des pays africains comme l’Afrique du sud, la banque centrale du Nigeria, le Sénégal et la Mauritanie ont récemment fait part de leur intention d’émettre des obligations islamiques Sukuk.
Jusqu’à présent, le Royaume de Bahreïn jouait le rôle de plaque tournante de la finance au Moyen-Orient puisque le secteur(y compris la finance islamique) a représenté 17 % de son économie en 2011 employant près des deux tiers des citoyens bahrainis. Mais depuis les manifestations à répétitions contre le gouvernement à saper la réputation de Bahreïn et le secteur financier à Manama s’en est trouvé affecter à tel point que plusieurs institutions financières comme le Crédit Agricole ou Bank of Tokyo-Mitsubishi ont décidé de relocaliser leurs employés sur Dubai.
Le printemps arabe à conforter la place de Dubai comme hub incontournable pour le business, le commerce et le tourisme. Il suffit de se balader dans les allées de l’aéroport pour comprendre l’importance stratégique de Dubai entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. L’ouverture du nouveau terminal pour accueillir la cohorte d’A380 va faire exploser tous les objectifs avec plus de 60 millions de passagers en 2013.
Profitant d’une croissance de 4%, l’émir visionnaire veut transformer Dubaï en un centre mondial pour les Sukuk islamique à l’image de la Malaisie en Asie. « Aujourd’hui, Dubaï possède tout le potentiel et les privilèges pour atteindre son objectif et devenir un centre mondial de sukuk islamique. Nous allons travailler sur l’achèvement du cadre organisationnel nécessaire et la mobilisation des efforts, des cadres et des experts nationaux. » a déclaré Cheikh Mohammed à l’annonce de la création d’un conseil islamique de l’économie.
À travers le concept d’économie islamique, l’émirat veut à la fois revaloriser son image aux yeux de nombreux pays musulmans et d’attirer encore plus d’investissements de l’ensemble du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie du sud et du sud-est. Les musulmans représentant 1,6 milliards de personnes dans le monde, l’économie islamique a très certainement d’importantes perspectives de développement. Finance, assurances, législation, industrie alimentaire et standards de management, tourisme. Sami Al Qamzi, directeur général du Département Economie et Développement, a déjà annoncé qu’il souhaitait voir se développer le marché des produits halal à Dubaï, prévoyant un doublement du marché d’ici 2020, pour atteindre 8,4 milliards de dollars. Dans le secteur du tourisme, Dubai mais aussi la Turquie sont les premiers à avoir développer des chaînes d’hôtels islamiques avec l’interdiction de la vente d’alcool et des piscines séparées pour les hommes et femmes.
L’idée ne date pas d’hier ; la Dubaï Islamic Bank, crée en 1975 et implantée mondialement, est la première banque islamique à avoir intégré les principes de l’Islam dans ses pratiques.
Source: France-Moyen Orient