Jusqu’à présent, très peu de pays ont écoulé des sukuks sur leur marché intérieur, reléve une note de l’agence S&P. Seulement la Gambie et le Soudan (non notés) émettent régulièrement des sukuks à court terme. Or, il semblerait que plusieurs pays africains envisagent l’émission d’obligations de ce type sur leur marché intérieur ou sur les marchés mondiaux.
Ainsi, en 2012, le Trésor de la République d’Afrique du Sud a annoncé son projet d’émettre une première obligations souveraine islamique. L’Afrique du Sud deviendrait ainsi le premier pays non musulman à faire une émission d’obligations sur le marché islamique, si l’on exclut l’émission de 100 millions d’euros de sukuks réalisée par le Land allemand de Saxe-Anhalt au début des années 2000.
Au Nigeria, le pays le plus peuplé, plus grand exportateur de pétrole et deuxième économie du continent, la banque centrale a d’ores et déjà annoncé en 2011 son intention d’émettre des sukuks. Fin 2011, le Sénégal a annoncé son projet d’émettre environ 200 millions de dollards de sukuks et la Mauritanie (non notée) lui a emboîté le pas en 2012. Pourtant, aucun de ces projets n’a encore vu le jour.
Selon S&P, les pays d’Afrique du Nord pourraient s’intéresser prochainement aux émissions de sukuks sur leur marché intérieur ou sur les marchés mondiaux. Certains d’entre eux sont confrontés à un alourdissement de leurs déficits budgétaires et courants, ce qui pourrait les inciter à accroître et à diversifier leur base de financement, alors qu’ils ont déjà accès au financement officiel et privé classique.
En outre, après le printemps arabe, les parties islamiques ont remporté les élections législatives en Égypte, au Maroc et en Tunisie, ce qui a contribué à mettre le développement de la finance islamiqueà l’ordre du jour. Le gouvernement égyptien a récemment présenté un projet de loi pour autoriser l’émission de sukuks, afin de combler l’important déficit budgétaire du pays, ainsi que le déficit courant. De même, en Tunisie, la loi des finances de 2013 prévoit de compenser partiellement le déficit budgétaire par l’émission de sukuks. Si le Maroc devait avoir recours au marché de capitaux islamique, nous pensons que ce serait pour des motifs davantage politiques que budgétaires.