Des experts de l’agence américaine de notation Moody’s séjournent actuellement en Tunisie dans le cadre d’une mission d’évaluation des risques d’investissement dans le pays. Au menu des experts, le bilan des projets prévus en 2012, l’état d’avancement des ceux de l’année en cours, l’état de l’équilibre des finances publiques et l’endettement. Les experts de l’agence américaine connus pour regarder d’un mauvais œil les entreprises et les banques publiques n’ont pas manqué de s’intéresser aux celles qui sont en difficultés.
Ce sont les banques publiques notamment la banque nationale agricole (BNA), la Banque de l’Habitat (BH) et la société tunisienne de banque (STB) qui devront subir une opération d’audit, qui sont pointées du doigt.
La recapitalisation de ces banques, avec de l’argent, semble-t-il qatari, voire la perspective de les unifier ou de les privatiser, met d’ores et déjà en colère la puissante fédération syndicale des banques qui conteste les chiffres du gouvernement estimant, pour la BNA par exemple, qu’elles ont dégagé des bénéfices malgré la période difficile. Un bras de fer s’annonce dans un proche avenir.
Mais la tache des experts de Moody’s ne rentre pas dans ces considérations. Le milieu de la finance ne connait pas d’état d’âme. D’ailleurs Moody’s a déjà baissé la note souveraine de la Tunisie (celle qui concerne la dette publique) en février 2013 de Baa3 à Ba1 et placé le pays dans la catégorie spéculative, estimant donc qu’il ya des risque de paiements. L’agence a d’ailleurs fait savoir qu’elle n’hésitera pas à refaire la même chose. C’est pourquoi les experts de Moody’s se sont intéressés, au cours de leur séjour en Tunisie, à la situation politique dans le pays, notamment la transition démocratique qui avance à petits pas et la feuille de route du gouvernement provisoire. Ceci explique les concessions faites par le parti islamiste Ennahdha (principale composante de la Troïka au pouvoir) à propos de certaines questions dans le cadre de l’avant projet de la nouvelle Constitution, notamment concernant la nature du régime politique, la lutte contre les salafistes (islamistes radicaux) avec qui ils sont désormais en rupture.