Alors que je profitais d’une semaine de vacances sous le soleil sicilien, la banque centrale européenne a décidé d’abaisser son taux directeur à un plus bas historique. Pour moi cette action n’avait pas d’autre signification que « On ne sait plus quoi faire »
Quand la dette ne pénalise plus la croissance …
La première fissure de l’austérité européenne a eu lieu mi-avril avec la trouvaille de Thomas Herndon, étudiant américain de l’université du Massachusetts.
Aidé de ses professeurs, il a révélé une erreur de calcul dans le livre de Rogoff et Reinhart « cette fois c’est différent », qui avait mis en évidence les effets destructeurs d’une dette massive sur la croissance.
Tout le monde se réjouit depuis de cette erreur dans le tableur des économistes, puisqu’elle remet en cause les politiques d’austérité et ouvre la voie à plus de relance.
Pour faire court, Herndon a démontré que le seuil des 90% d’endettement considéré comme dangereux et inextricable pour la croissance future d’un pays, n’est finalement pas si destructeur que ça.
Une erreur qui tombe à pic
C’est surtout les dirigeants politiques qui voient là une marge de manoeuvre inespérée pour parvenir à sauver les meubles de la grogne populaire et à justifier quelques écarts budgétaires. La France est en tête sur ce terrain là avec déjà un délai accordé sur le budget.
Cette erreur de calcul tombe donc à point nommée pour remettre en cause le désendettement et repartir de plus belle dans une course en avant.
L’Europe en panne sèche
L’euphorie ambiante a de quoi laisser perplexe alors que la situation semble pourtant totalement hors de contrôle.
La BCE, en abaissant ses taux à 0.50%, envoie pour moi un véritable aveu d’impuissance.
Les marchés ont voulu, elle l’a fait. Et malgré les beaux discours, Mario Draghi semble avoir de plus en plus de mal à réitérer son coup de maitre de Juillet où il était passé pour un véritable sauveur.
Et s’il n’y avait qu’un signe inquiétant, ce serait la résistance de l’euro qui, malgré une baisse de taux, certes déjà en partie prise en compte dans le cours, ne s’est pas affaibli mais au contraire à même réalisé une incursion au-dessus de 1.32$, un plus haut depuis février.
L’euro, la devise du monde
L’euro est tout de même la seule devise capable d’afficher un chômage, une baisse de taux et une impasse politique historique et de s’apprécier tout de même.
Cela montre que ce n’est pas la BCE , ni même l’Europe qui décide du cours de l’euro.
Comme je n’ai de cesse de le répéter depuis plusieurs mois, le véritable danger est le manque de cohérence de la zone euro et l’incapacité d’avoir un cap et surtout un capitaine à bord du navire !
En temps calme, ça passe, mais dans la tempête de la crise, on ne peut pas se le permettre.
La guerre des devises …
Le Japon a fait baisser le Yen de plus de 20% depuis le début de l’année.
Les banques centrales de Pologne, de Corée du Sud, de l’Australie ou encore du Vietnam ont abaissée cette semaine leur taux directeurs.
A la veille du G7, cela va quand même être intéressant de voir si l’on continue de se voiler la face.
La guerre des devises ne fait que commencer et la faille dans l’efficacité présumée des politiques d’austérité ne fait qu’accélérer le phénomène.
En Europe, les premiers ministres Italien et espagnol prévoient déjà de faire des propositions pour la croissance.
Sur le marché obligataire, le retour progressif des pays en difficultés sur le marché de la dette grâce en partie à la manne de liquidités japonaise va permettre aux Etats de s’affranchir un peu de la pression de la Troika.
Dans ces conditions, l’euro devrait reprendre rapidement le trend baissier, pour de bonnes ou de mauvaises raisons !
EURUSD : 1.3330 … ma zone clé
Toutefois, la marge de manoeuvre semble désormais de plus en plus faible pour les acheteurs …
L’analyse graphique mensuelle basée sur le COT index nous indique toujours une pression baissière intacte malgré le rebond qui ne semble être qu’un retracement.Sous 1.3330$, l’EURUSD reste sous pression baissière pour un retour potentiel vers 1.2580$.
Le COT Index est dans une configuration typique de retracement avec un index 26 (ligne fines) en retracement de la première phase de distribution alorsons Trades !
Jérôme Revillier
L’Edito des Matières Premières