Alexandre Aquereburu est le Chief Risk Officer de Continental Reinsurance, cotée à la Nigeria Stock Exchange depuis 2007. Premier réassureur sur le marché nigérian, Continental Reinsurance a été pendant longtemps le porte-drapeau de son secteur d’activité au plan africain, en étant présent dans 43 pays. Dans cet entretien exclusif, M. Aquereburu présente les ambitions de la compagnie d’origine nigériane, présente en Côte d’Ivoire depuis mars 2012.
-Comment se présente les résultats de Continental Reinsurance sur l’exercice 2012?
Au Nigeria, l’année 2012 est une année de transition vers la norme comptable internationale IFRS. Beaucoup de pays ont déjà adopté ce nouveau standard qui rend les comptes de la compagnie comparables de pays en pays. De ce fait, les résultats de 2012 ne sont pas encore disponibles au public et Continental Re, étant une compagnie cotée à la Bourse nigériane (NSE), nous ne pouvons faire des commentaires avant la publication officielle des résultats. Plus généralement, la croissance est au rendez-vous depuis quelques années sur le marché de l’assurance africaine. Pour les années à venir, nous anticipons une accélération pour plusieurs raisons, notamment :
-Le développement de nouveaux produits mieux adaptés à l’Afrique.
-L’émergence de la classe moyenne
-Le retour des fonds d’investissements
-Une diminution des conflits dans certains pays clés.
-Courant 2012, vous vous êtes implantés en Côte d’Ivoire. Est-ce le signe d’une nouvelle stratégie d’expansion?
La Côte d’Ivoire est des principaux moteurs de l’économie ouest africaine. C’est un marché important pour Continental Ré. Nous visitons ce marché régulièrement depuis plusieurs années, ce qui nous a permis de tisser d’excellentes relations avec les assureurs ivoiriens. L’idée nous est naturellement venue de nous rapprocher d’eux afin de pouvoir mieux les servir. C’est pourquoi nous avons ouvert nos bureaux d’Abidjan en mars 2012. Notre stratégie d’expansion n’est pas nouvelle. Elle est basée sur notre souhait d’apporter une sécurité-crédible et proche à tous les assureurs africains, tout en continuant de diversifier nos risques. Le métier de réassurance est essentiellement un partenariat basé sur la confiance et c’est dans ce sens que nous avons toujours apporté notre soutien et nos capacités aux acteurs locaux.
En venant en Zone CIMA, n’allez-vous pas concurrencer une compagnie comme la CICA-Ré ?
La CICA-Ré est une belle compagnie de réassurance africaine, une institution de grande qualité que nous connaissons bien. On pourrait en citer d’autres comme Africa Ré, Zep Ré entre autres. La nature de la réassurance fait que nos destins sont souvent liés car nous prenons chacun des parts sur les mêmes risques. Nous avons donc la particularité d’être à la fois concurrents et partenaires. Nous cherchons à approfondir notre collaboration technique et commerciale avec ces compagnies pour que le marché africain de la réassurance se développe et que les primes africaines restent en Afrique et soient investies localement pour le développement de notre cher continent.
-Quelle est actuellement la situation secteur de la réassurance en Afrique. Est-ce que les réassureurs africains ont les moyens de supporter tous les risques Afrique? Quels sont leurs rapports avec les grands acteurs du secteur?
L’assurance (et par extension, le secteur de la réassurance) n’a jamais pesé de son vrai poids dans l’économie africaine. Cela se manifeste par des taux de pénétration extrêmement faibles de l’ordre de 0.5% (du PNB). Le potentiel de croissance de cette industrie par rapport aux autres est donc assez élevé. Nous avons noté sur les 10 dernières années une croissance réelle et soutenue qui surpasse celle du PNB dans de nombreux pays. L’assurance étant un secteur étroitement lié au développement économique et social, nous pouvons donc nous attendre à ce que cette croissance soit maintenue avec le recul de la pauvreté en Afrique.
Le secteur de la réassurance est relativement sain avec des acteurs qui se divisent en 3 catégories principales. Nous avons les compagnies africaines privées comme Continental Ré, les compagnies nationales et aussi les compagnies à caractère régional. Les acteurs internationaux sont aussi présents car l’Afrique est un continent peu touché par les catastrophes naturelles (séismes, cyclones etc..) qui affectent d’autres parties du monde.
Le marché se développe rapidement et cela génère un besoin croissant de plus de technicité et d’expertise au niveau de l’analyse des risques, surtout dans certains secteurs comme l’énergie. Nous nous efforçons de répondre à ce besoin en invitant nos clients à des séminaires gratuits organisés par nos bureaux régionaux où nous faisons intervenir des experts internationaux. Nous notons aussi l’émergence de nouveaux risques comme le terrorisme ou le ‘kidnap and ransom’ dans certains pays. Nous nous devons aussi d’innover dans un secteur comme l’agriculture et aider les compagnies d’assurance à proposer des produits simples, économiques et mieux adaptés à nos populations agraires.
Les capacités de réassurance en Afrique sont conséquentes. Même si nous avons besoin des acteurs internationaux pour les raisons citées ci-dessus, le marché a de belles marges de croissance pour que tous les réassureurs y trouvent leur place. A notre avis, le marché devrait plus se tourner vers une meilleure gestion des risques.
–Comment une entreprise comme la vôtre fait-elle face à un marché africain encore morcelé en dépit de l’existence de la CIMA?
La réassurance est basée sur la connaissance des risques et une relation de confiance entre assureur et réassureur. L’existence de la CIMA a énormément contribué à l’harmonisation de ce marché en imposant un code commun. Cela a rendu les relations transfrontalières plus faciles et permis le partage des risques. Le travail de l’Organisation des Assurances Africaines est aussi de rapprocher car elle a créé un réel esprit de corps entre les acteurs de l’assurance en Afrique. Continental Ré se dévoue au marché Africain. C’est pour cela que chaque année, nos agents couvrent la majorité des pays africains afin de renforcer les liens avec nos clients et de développer de nouvelles relations.
–Pourquoi le secteur de la réassurance ne joue-t-il pas un rôle de premier plan dans les marchés financiers africains?
Contrairement aux pays occidentaux, la majorité des primes africaines sont dans le domaine de la Non-Vie (voiture, habitation..). Ces risques sont des risques de court terme (en moyenne 1 an) et donc ne permettent pas aux compagnies africaines d’investir à long terme sur les marchés financiers.
Cependant, avec l’émergence de la classe moyenne et de nouveaux produits comme la santé, nous pouvons nous attendre à un développement accéléré de l’assurance vie qui permettra aux compagnies d’investir sur le long terme.
Financial Afrik
redaction@financialafrik.com
Un commentaire
article pertinent sur la continental- re
souhaiterais des relations d’affaires avec votre groupe , notre Cabinet eticonsult est dans l’audit et le conseil en management des assurances