En date du 6 mai 2013, un armateur grec qui a acquis au détriment d’un concurrent libanais le navire marocain Biladi de la compagnie Comarit pour 1 million d’euros. Au rabais car le prix d’appel était de 1,6 millions d’euros, jugé cher par rapport à l’état et à l’âge du navire. Il s’agit pourtant d’une misère comparée aux 15 millions d’euros déboursés par la Comarit en 2003 pour l’acquisition du navire.
Mais la crise financière internationale, suivie d’une baisse des activités maritimes, a conduit les armateurs à réduire la voilure. Conséquence, beaucoup de navires, en général de plus de 12 ans, qui cherchent d’introuvables repreneurs.
Cette vente est tout un symbole. Alors que la crise financière sévit sur la Grèce, les armateurs de ce pays continuent d’augmenter leurs flottes marchandes par de vieux navires (Le Biladi date de 1980) sous le regard circonspect des compagnies d’assurance, des réassureurs et des Lloyds. Tous s’interrogent sur cette course à la capacité entre grecques, chypriotes, tucs et libanais que ne dicte ni la baisse de régime de la Chine et de l’Asie du Sud-est, ni la récession en Europe, encore moins une quelconque embellie du secteur touristique en Grèce et le long de la Méditerranée.
Le Biladi est l’un des trois ferries de la compagnie marocaine Comarit (en redressement judiciaire depuis le 24 février 2013, soit une semaine après la décision de vente prononcée par le juge) en saisie conservatoire préventive puis définitive depuis janvier 2012 dans le port de Sète. Si le redressement judiciaire avait été prononcé dix jours plutôt, la vente n’aurait pas eu lieu.
La vente permet aux marins de prétendre à leur paye, étant donné que l’un des gros créanciers, en l’occurrence le port de Sète, a abandonné sa créance au profit des hommes de mer retenus en otage par une procédure qui a battu le record de longévité. Notons que la vente a été prononcée par le tribunal de grande instance de Montpellier. Les contre-procédures judiciaires mises en avant par les avocats de l’armateur marocain n’ont pas permis d’empêcher la vente. Deux autres navires, également bloqués, risquent de connaître la même situation. Il s’agit du BNI’Nsar et surtout du Marrakech, fleuron de la marine marchande marocaine. La vente de ces navires pourrait compliquer davantage la continuité des activités de la Comarit qui doit présenter un business plan en juin 2013.