Les systèmes bancaires africains ont connu d’importantes mutations au cours des dernières décennies. L’apparition de groupes africains et le climat de concurrence accrue poussent les acteurs du secteur à adopter des stratégies de développement reposant en particulier sur la diversification de la clientèle et des produits. Malgré sa vitalité, le secteur doit relever de nouveaux défis pour continuer à appuyer le développement du continent.
Par Paul Derreumaux, Économiste et consultant indépendant, président d’honneur du Groupe Bank of Africa
NB: cette analyse est tirée de l’édition numéro 16 de la revue Secteur Privé& Developpement de Proparco
En 2012, les 200 plus grandes banques africaines représentaient un total de
bilan d’environ 1110 milliards de dollars et un produit net bancaire (PNB) de 45 milliards de dollars (1). Dans cet ensemble, l’Afrique du Sud, le Nigéria et l’Afrique du Nord dominent : ils représentent respectivement 36 %, 9 % et 40 % du bilan total de ces 200 plus grandes banques africaines et 45 %, 15 % et 32 % de leur PNB total.
Le secteur bancaire en Afrique subsaharienne reste toutefois marqué par sa très grande diversité, que l’on considère le degré de concentration des établissements bancaires ou le taux de bancarisation des populations – qui s’échelonne de plus de 50 % pour l’Afrique du Sud à moins de 10 % pour l’Afrique francophone.
Les banques commerciales dominent aujourd’hui encore les systèmes financiers d’Afrique subsaharienne. Après les indépendances, le secteur était essentiellement composé de banques étatiques et de quelques grandes banques issues des anciennes puissances coloniales. Au cours des quarante dernières années, plusieurs mutations majeures ont progressivement transformé les systèmes financiers africains. Une évolution d’importance a été l’apparition des premières banques privées africaines, suivie par la mise en place de leurs réseaux régionaux.
Le secteur a également été marqué par le repli partiel des grands groupes étrangers et par les grandes difficultés des banques étatiques. Un autre facteur de changement a été ensuite la création de marchés régionaux, qui a favorisé l’émergence de groupes bancaires africains de dimension régionale ou même continentale. Ces différentes étapes, ces mutations à répétition ont dessiné les contours des systèmes financiers africains d’aujourd’hui avec leurs forces et leurs faiblesses.
Un secteur bancaire assaini
Le secteur bancaire africain est aujourd’hui globalement en bonne santé. Les crises généralisées de liquidité et de solvabilité des années 1970 et 1980
qui ont marqué les banques commerciales, et leurs autorités de tutelle, sont aujourd’hui passées. Les comportements ont évolué, des modifications structurelles ont été conduites, comme en témoignent par exemple la création des commissions bancaires régionales en Afrique francophone et la mise en
place d’un meilleur suivi des risques de contrepartie dans la plupart des
banques commerciales.
Aujourd’hui, les institutions bancaires font preuve d’une plus grande résilience et d’un professionnalisme accru – et enregistrent de meilleurs résultats. Poussées par une croissance économique qui s’accélère et qu’elles facilitent, les banques enregistrent une progression régulière de tous leurs indicateurs d’activité et d’exploitation. Le palmarès annuel des 200 plus grandes banques africaines met en valeur ces évolutions positives.
Certes, la situation diffère beaucoup d’un pays à l’autre en fonction de la conjoncture économique nationale, de la qualité de l’environnement et de l’état de la réglementation prudentielle.
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