Le dividende constitue la meilleure information transmise au marché sur la santé de l’entreprise, l’efficacité de son management, ses objectifs futurs, la situation de sa trésorerie et la qualité de son actionnariat (logique court terme ou long terme). Par conséquent, c’est la reine de l’information financière. Le cas de la Sonatel, gros distributeur de dividendes depuis sa privatisation en 1998 et exportatrice nette de devises de l’Afrique de l’Ouest vers la France, est intéressant à plus d’un titre. Analyse.
Première capitalisation boursière de la BRVM (Bourse régionale des valeurs moblières d’Abidjan), la Sonatel a distribué en date du 2 mai 2013 l’enveloppe de 172, 131 milliards de FCFA à ses actionnaires. Ce montant va au-delà du résultat net enregistré durant l’exercice 2012 et en contre tendance d’un secteur des télécoms moins distributeur de dividendes que par le passé.
Ce montant se compose du premier dividende (3 milliards FCFA), du dividende complémentaire (147 milliards FCFA) et d’une ponction sur les réserves (22,131 milliards de FCFA). Soit, après déduction de l’impôt de 10% sur les profits des valeurs mobilières, un dividende net de 1350 FCFA par action, environ 2,7 dollars par action.
En 2011, l’opérateur avait distribué 145 milliards de FCFA de dividende brut, à raison de 13 050 FCFA par action (avant le split intervenu en novembre 2012 sur un rapport de dix actions nouvelles pour une ancienne) à un cours de 120 000 FCFA au 31 décembre.
En 2007, ce montant distribué était de 110 milliards de FCFA , soit 9 900 FCFA par action, à un cours historique de 175 000 FCFA.
En 2001, ce montant distribué était d’à peine 29 milliards de FCFA, soit 2610 FCFA par action, à un cours de 20 000 FCFA.
Au regard de ces chiffres l’on peut dire que les actionnaires de l’ex entreprise publique, privatisée en 1998, profitent à la fois du rendement et de la rentabilité de l’action Sonatel.
Quand une entreprise distribue la totalité de ses bénéfices en plus des réserves disponibles, c’est que ses actionnaires dominants sont confrontés à des besoins de financement. D’ où notre première information tirée de la distribution de ces dividendes : l’Etat du Sénégal et France Télécom, les deux actionnaires majeurs de la Sonatel, ont besoin du cash. Ces ponctions risquent d’affecter l’autofinancement de l’entreprise et renchérir le coût du capital.
Par ailleurs, l’évolution du dividende par action se fait quasiment au rythme de l’évolution du bénéfice par action là où l’orthodoxie recommande un «retard de phase» entre la génération de revenus (bénéfice par actions) et sa distribution (dividende par actions).
La question que l’on se pose aprés confrontation des chiffres est la suivante : la Sonatel pourra-t-elle maintenir un niveau de distrubition de dividendes aussi élevé dans un contexte de ralentissement généralisé du marché des télécoms et de baisse du revenu moyen par abonné ?
Du reste, la Sonatel pourra toujours recourir au marché pour ses projets d’expansion. Son taux d’endettement est de seulement 4,5% des fonds propres, l’un des plus bas du secteur des télécoms.
En plus des dividendes, les actionnaires publics du groupe ( les Etats du Sénégal, Mali, Guinée, Guinée Bissau) ont perçu 330 milliards de FCFA sous forme de taxes, impôts, redevances, cotisations sociales, etc.
Chiffres clés de la Sonatel
Chiffre d’affaires : 663 milliards de FCFA, en progression de 4,3%
EBIDTA : +52%
Résultat net : 171 milliards de FCFA
Parc : 18 millions de clients