Le 18 juin 1940, un appel fort venu de Londres à travers les ondes de la BBC allait redonner l’espoir à une France vaincue et occupée par les Nazis. Ce texte fondateur de la résistance française est le fait d’armes majeur du Général de Gaulle. Plus de 73 ans après cet appel de Londres, un autre pays, le Mali, négocie son intégrité territoriale à Ouagadougou.
En l’absence des ténors de la politique du pays, occupés à faire campagne pour de si bien suspectes présidentielles du 28 juillet, le président par intérim, Dioncounda Traoré, se retrouve seul au front. Le choix que lui proposent Blaise Compaoré, négociateur en chef de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la France, puissance tutélaire et l’ONU,caution morale de tout accord politique international, est bien simple: une amputation, avec ou sans anesthésie.
Sous le vocabulaire convenu de l’article 6 de « l’accord de Ouagadougou » qui parle de « cantonnement et de désarmement des groupes armés et de redéploiement des forces de défense et de sécurité du Mali », point question de l’armée malienne. Celle-ci est invitée à se tenir à l’écart, en dehors et loin des faubourgs de Kidal. Ce qui ne sera pas le cas des groupes armés du MNLA, lesquels groupes retrouvent avec bonheur et opportunisme les vertus de leur laïcité aprés une alliance controversée avec les terroristes d’AQMI et du MUJAO.
Bref, la violence symbolique des accords de Ouagadougou rappelle l’âpreté des accords d’Alger de 2006 marqués par des concessions unilatérales sans précédent. A l’époque, le président ATT s’était retrouvé seul à négocier en l’absence de la classe politique, occupée comme souvent aux joutes électorales. L’on connaît la suite: l’armée avait accepté le principe du retrait du Nord, ouvrant par la même occasion la voie à une présence algérienne et libyenne dont le point d’orgue sera l’ouverture du consulat algérien à Kidal sans que Bamako n’en soit informé.
Nous voilà donc, en ce 18 juin 2013, face à la répétition de l’histoire. Sans légitimité démocratique, Dioncounda Traoré, est entrain, via son conseiller spécial (le court-circuitage du ministre des Affaires étrangères fait jaser) à négocier le début de la partition de son pays. A la différence de la France, le Mali occupé et libéré n’a pas accouché de l’homme providentiel. Il n’est pas, derrière la flopée de candidats au fauteuil juteux (c’est ainsi qu’il est vu), d’homme à la posture légitime et forte pour changer le cours inexorable du destin. Ni chez les civils politisés et affairistes, encore moins chez les militaires parachutistes ou putschistes, l’on ne décèle la posture de l’homme qu’attend le Mali pour repartir de nouveau. Faut-il définitivement en conclure que Soundiata Koita appartient à la légende?