Il ne fait pas de doute. L’intermède islamiste en Egypte s’est évaporé comme une promesse de printemps arabe. La petite année de pouvoir de Mohamed Morsi s’est traduite par un naufrage économique qui rappelle les 7 plaies d’Egypte. Avec seulement 500 000 tonnes disponibles, soit moins de deux mois d’importation de blé, la paix sociale sera difficile à garantir dans un pays qui est le premier importateur mondial de cette denrée.
Tous les symptômes du mal sont là: une monnaie en chute libre, un taux de chômage qui explose et une pauvreté qui s’accélère. A peine 14 milliards de dollars de réserves de change en juin 2013 contre 36 milliards à la fin 2011.
C’est sans doute cette situation chaotique qui explique l’étonnant soutien de la communauté internationale, à la notable exception de l’Union Africaine, restée attachée à la constitution égyptienne, à un changement de régime qui présente tous les aspects d’un coup d’Etat militaire. Le nouveau gouvernement qui a été formé sous les huées des frères musulmans est d’abord destiné à rassurer les investisseurs et les touristes. Les démocrates pourront toujours attendre.
Le retour en force de l’armée, réconciliée avec le peuple, rassurée sur l’aide américaine de 1,5 milliards de dollars par an, requinquée par un accord fort probable d’un prêt de 4,8 milliards de dollars avec le FMI (le même qui avait été refusé à Morsi), montre que, de toutes les factions en lutte pour le pouvoir sur la place Tahrir, ce sont les sécurocrates qui ont pris le dessus. S’ils arrivent à bien gérer les 12 milliards de dollars accordés par les pays du Golfe, les militaires pourront gouverner encore longtemps directement ou indirectement pour sauver les apparences . Ainsi, va l’Egypte, un éternel recommencement. Jamais à l’abri d’une émeute de la faim.