Après l’Egypte, la Tunisie ? Tout semble indiquer que la voie empruntée au Caire sera celle dans laquelle s’engouffrera une population tunisienne excédée, à plus bref délai que l’on s’y attendait. Jeudi 25 juillet, anniversaire de l’indépendance, la Tunisie apprenait l’assassinat d’un opposant politique de premier plan. Critique mordant du gouvernement, Mohamed Brahem, mortellement atteint, est le deuxième après une autre figure marquante de la scène politique, Chokri Belaïd, tué début 2013. Ses assassins courent encore et la population doute de la volonté de vouloir les arrêter.
L’exemple égyptien est déjà suivi en Tunisie. Un mouvement « Tamarrod » (rébellion) y a été créé. Cette tension croissante contribuera à miner davantage la confiance des citoyens, surtout des milieux économiques et des touristes dont l’apport en devises a toujours gonflé les caisses de l’Etat qui sont presque vides. Les investisseurs étrangers se dérobent, les hommes d’affaires du pays pensent de plus en plus à émigrer en Europe ou au Maroc. L’économie est sous perfusion, le FMI paraît hésitant, l’Europe chiche, le chômage, surtout les jeunes, dont les chiffres oscillent au gré des messages politiques, affecte les régions lesquelles dénoncent la désorganisation de l’appareil de l’Etat.
Le tout dans un contexte politique délétère suite aux retards flagrants accusés dans la rédaction de la Constitution et dans la fixation d’une date pour les élections. Des atteintes aux libertés d’expression et de la presse sont venues alourdir l’atmosphère et font de la Tunisie une bombe prête à exploser, probablement à très court terme.
Après l’Egypte, le retour dans la rue des Tunisiens révoltés aura une autre signification au moment où l’on perçoit nettement l’échec de l’islamisme politique, même en Syrie où l’opposition se divise désormais, isolant les mouvements islamistes armés.
Dans ce jeu, il y aura un perdant notoire : l’Union européenne. Elle a cru contribuer à éviter la « polarisation politique » sur la rive sud de la Méditerranée en faisant les yeux doux aux islamistes et en ne leur mesurant pas son soutien, sinon financier du moins sa caution politique. Sa stratégie est prête de voler en éclats si la Tunisie vient confirmer le rejet déjà en cour au Caire.
F.B’Chir, Bruxelles