Tel un Hamid Karzai de l’Afghanistan post taliban, le visage charismatique d’Ibrahima Boubacar Keita est entrain de s’imposer sur la scène politique malienne. Agé de 69 ans, ce vieux briscard de la politique serait « largement en tête » selon les premiers sondages réalisés par un groupe de journalistes présent dans les bureaux de vote. L’éventualité d’une victoire dés le premier tour, prédite par le camp IBK, n’est plus à écarter.
Si tel était le cas, le désaveu sera immense pour l’ancien ministre des Finances et ancien haut commissaire de l’Union Economique et monétaire Ouest Africaine, Soumaila Cissé. Ce technocrate de 63 ans, ami des chancelleries ouest africaines paye là le prix d’une absence prolongée du territoire malien et, chuchote-t-on, de quelques divergences avec Paris. Ces élections relèguent aussi Modibo Sidibé, ancien premier ministre de Amadou Toumani Touré, efficace du temps de son ministère mais qui péche par apolitisme. Paye-t-il le prix d’une hostilité manifeste de l’armée et du clan du capitaine Amadou Sanoho, muet mais remuant dans le magma politique Bamakois?
Quant aux autres candidats, figurants patentés pour la plupart, ils auront tout le loisir de méditer cette phrase de Louis Latzarus: « Il n’y a jamais eu qu’un moyen de se hisser au pouvoir, c’est de crier : Peuple, on te trompe ! » C’est sur ce registre d’une interpellation directe du peuple Malien à la deuxième personne que le candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM) a battu campagne. Sans être lyrique, IBK a su convaincre.
Des candidats en lice, il est celui qui passerait le mieux à Kidal, ville bastion des séparatistes touaregs. Avec des liens familiaux solides qui vont du Maghreb au Mali en passant par l’Azawad et une famille politique élargie, IBK prend sa revanche sur l’histoire et sur ATT.
D’aucuns rêvent déjà d’un ticket IBK-Soumaila Cissé, l’un agissant en chef d’orchestre, garant de l’unité nationale. Et l’autre, en premier ministre politico -technocrate dont le carnet d’adresse pourrait aider à mobiliser les énergies nécessaires au décollage du Mali. Au final, le nouveau Mali ressemble bien à l’ancien, avec ATT en moins et Kidal en suspens. A Mali, Mali et demi.