On a tous à y gagner si l’Afrique peut soutenir et accélérer ses progrès dans la lutte contre la pauvreté et créer des emplois pour sa population jeune en pleine croissance.
La Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA) fait rarement l’actualité aux États-Unis. Mais la fréquence à laquelle ce sujet a été soulevé lors de la récente visite du Président Barack Obama en Afrique, souligne l’importance des dispositions commerciales perçues sur le continent à la fois comme un moteur de progrès et comme un symbole des relations des Etats-Unis avec le continent. La nécessité de prolonger AGOA, qui doit expirer en 2015, était une priorité claire pour les pays visités par le Président Obama.
Il est facile de voir pourquoi tant d’importance est accordée à l’AGOA en Afrique. La Loi, qui a commencé à être opérationnel en 2001, a atteint son objectif ; une pauvretéréduite par le biais d’échanges et d’investissements avec les Etats-Unis en croissance. Les revenus ont augmenté et des centaines de milliers d’emplois ont été créés, en particulier pour les femmes.
Et tandis que la croissance la plus forte dans le commerce a été le pétrole, l’AGOA a également contribué à renforcer et à diversifier les économies. Le Lesotho et le Kenya sont parmi les nations qui ont vu les possibilités offertes par l’AGOA et des investissements cruciaux dans de nouveaux secteurs et industriespropices à la croissance.
Mais pendant que l’AGOA, qui permet aux pays africains montrant des progrès vers une économie de marché d’exporter une large gamme de produits hors taxes et sans quotas aux Etats-Unis, est largement soutenu à travers le continent, cette Loi reste plus controversée aux États-Unis. On a émis des mises en gardecontre l’extension de la Loi au-delà de 2015 car elle causerait des dégâts aux propres intérêts et à l’emploi américains.
Les opposants à la Loi soutiennent que la croissance impressionnante de l’Afrique au 21ème siècle montre que le continent n’a plus besoin de traitement de faveur. Ils affirment également que c’est la Chine et d’autres pays qui ont investi en Afrique et sont les principaux bénéficiaires de la suppression des restrictions et que, dans certains cas, ils réexportent tout simplement leurs propres produits par les pays africains.
Toutporte à croire, cependant,que si les pays africains sont sortis sans aucun doute gagnants, comme prévu, de l’AGOA, les avantages retirés n’ont pas été que dans un sens. Dans la première décennie depuis son entrée en vigueur, les exportations américaines vers l’Afrique subsaharienne ont triplé et atteint 21 milliards de dollars. Comme le prouvent les estimations du Département du commerce américain;pour 1 milliard de dollars réalisés en exportations, 5000 emplois américains sont créés ou maintenus et ce commerce apporte plus de 100 000 emplois aux États-Unis. Le Département du commerce américain a également insisté sur le fait que des mesures de précaution appropriées sont en place pour empêcher les abus de règles.
Aussi, dans le long terme, une Afrique dont l’économie continue de croître et dont les citoyens sont de plus en plus prospères ne peut que fournir davantage d’opportunités aux entreprises américaines à travers l’investissement et les exportations. On a tous à y gagner si l’Afrique peut soutenir et accélérer ses progrès dans la lutte contre la pauvreté et créer des emplois pour sa population jeune en pleine croissance.
Cela ne se produira pas, de nouvelles recherches par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et la Brookings Institution ont trouvé que si les Etats-Unis suppriment l’AGOA et retournent vers les vieux systèmes généralisés de préférences, un tel résultat conduirait à des pertes commerciales considérables pour les économies africaines. Mais cette étude a révélé que si les États-Unis envisageaient d’élargir la gamme des produits couverts par l’AGOA, ce serait offrir d’énormes avantages aux pays africains et ainsi conduire à une plus grande diversification des exportations africaines.
L’étude ne démontre, non plus pas que les producteurs et exportateurs américains souffriraient. Au contraire, une extension de cette Loi permettrait d’accroître les exportations et les emplois américains tout comme les pays africains cherchent à développer leurs propres économies dans de nouveaux secteurs.
Il y aura, sans doute, quelques personnes à Washington qui seront tentées par la voie de l’Union européenne dans la recherche de partenariats économiques qui exigent une stricte réciprocité. Mais alors que cela augmenterait, à court terme,les exportations américaines vers l’Afrique, dans le long terme, cela entraînerait des dégâts à la prospérité africaine et aux objectifs des États-Unis pour le continent poursuivis par les anciens présidents démocrates et républicains.
L’étude montre également l’importance de l’Afrique dans sa propre quête d’accélérer l’intégration régionale, supprimer les barrières commerciales entre les pays et se déplacer vers une zone de libre-échange continentale. Ce sera particulièrement important pour compenser les pertes potentielles si les autres grandes économies, comme les Etats-Unis et l’UE, venaient à renforcer leurs liens commerciaux.
Donc, il faut se féliciter de ce qu’Obama, en réponse aux craintes de l’Afrique sur l’avenir de l’AGOA, ait clarifié sa détermination lors de son voyage, d’encourager le Congrès non seulement, de renouveler les accords pour l’après-2015, mais de les améliorer. Nous ne pouvons qu’espérer que son soutien à l’AGOA soit pris en compte lors du prochain Forum de coopération commercial et économique entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne à Addis-Abéba.
Un élargissement de la Loisur la croissance et les opportunitésen Afrique (AGOA) offrirait une volonté solide pour atteindre son objectif en ce qui concerne sa stratégie africaine établie un an auparavant et ferait preuve de leadership américaindans le mondepour les années à venir.
Mr. Carlos Lopes est le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.
Kamal Dervis est Vice-Président et Directeur de l’économie mondiale et du développement à la Brookings.