« Je n’ai joué aucun rôle dans cette affaire de corruption et je n’ai nullement aidé Saipem à décrocher des contrats pétroliers » a déclaré l’ex-ministre de l’Energie Chakib Khelil au journal américain Wall Street.
Youcef MAALLEMI – Alger
Surpris, Chakib Khelil, encore ministre de l’Énergie, a essayé de défendre les cadres de Sonatrach tout en affirmant ne pas comprendre pourquoi il n’aurait pas été informé de l’enquête. Enquêtes sur Sonatrach 1, évidemment, jusqu’à ce que l’affaire rebondisse d’une manière spectaculaire par les révélations du quotidien Corriere Della Sera qui a rapporté, tout récemment, que le parquet de Milan a lancé un mandat d’arrêt international contre Farid Bedjaoui en livrant les dessous de l’affaire.
Selon Halim Feddal, secrétaire général adjoint de l’Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC), « Le mandat d’arrêt international lancé par la justice algérienne contre l’ex-ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, des faits de corruption dans le scandale Sonatrach- Saïpem est un «non-événement», «Ne soyons pas naïfs. La justice algérienne est instrumentalisée par le pouvoir politique. Elle n’a aucune indépendance. Ce mandat d’arrêt est, à nos yeux, une manœuvre politicienne qui s’inscrit dans la guerre qui oppose les différents clans au pouvoir. Si on voulait vraiment juger Chakib Khelil, les autorités ne l’auraient pas laissé quitter tranquillement le territoire national», explique ce responsable l’ANLC.
Le bureau central national (BCN) Algérie Interpol (bureau d’Interpol en Algérie) dont le siège se trouve à Lyon, en France, pour la diffusion du mandat d’arrêt dans les pays membres. Selon le directeur de la police algérienne «On est loin de voir une extradition rapide et dans les brefs délais de l’ex-ministre de l’Energie vers Alger et rien n’est officiel pour le moment, les démarches et les procédures de l’extradition de Chakib Khelil prendront beaucoup de temps. Toutefois il est logique qu’une telle démarche soit appliquée afin d’arrêter l’ex-ministre de l’Energie». Pour Farid Bedjaoui, selon toujours le quotidien italien Courrier Della Sera, l’homme d’affaires, qui a longtemps vécu à Montréal, risque de se faire saisir plus de 100 millions de dollars d’origine douteuse déposés dans des comptes offshore en Orient. Farid Bedjaoui se déplace aux Emirats arabes unis, puisqu’au début des années 2000, il s’était installé à Dubaï, où il a créé Ryan Asset Management FZ, société d’investissement à laquelle, dès 2003, la firme algérienne Sonatrach a confié la somme de 2 milliards de dollars.
Rappelons, des millions d’euros, fruit de la corruption qui a engraissé Chakib Khallil, Farid Bedjaoui et leurs compères, sont à l’abri, du moins pour le moment, à Singapour, Dubaï et d’autres pays. Une vraie bataille qui commence pour les juridictions algériennes et italiennes. A qui appartiennent ces millions d’euros qui dorment sur les comptes de Chakib Khelil, Farid Bedjaoui et les autres ? A l’Algérie ou à l’Italie ? L’affaire n’est qu’à ses débuts. Il faut s’attendre à un feuilleton à plusieurs épisodes. Nous reviendrons