L’entrée, il y a cinq ans, du fonds américain Emerging Capital Partners dans le capital s’était fait sans enthousiasme. Et maintenant?
Depuis 2008, une nouvelle marque bancaire est entrain de se constituer dans le Middle Africa. Née au Bénin en 1988, l’ancienne Financial Bank avait tout d’une petite banque qui périclitait :fonds propres réduits, charges élevées, performances modestes. L’entrée, il y a cinq ans, du fonds américain Emerging Capital Partners dans le capital s’était fait sans enthousiasme. A l’époque, les principales filiales du groupe(Bénin, Tchad, Gabon et Guinée Equatoriale) naviguaient à vue, sans synergie entre elles. De plus, l’institution avait un positionnement flou, entre la banque des PME et l’institution financière de microcrédit.
A la recherche de diamants bruts, le fonds américain commence donc par une participation minoritaire en 2008 suivie du rachat à 100% de l’ensemble du réseau Financial en mars 2009. Dés cette prise de contrôle, ECP pose les bases de sa philosophie: recentrage sur le core business de la banque, création d’une marque et expansion géographique. La mauritanienne BACIM Bank tombe sous l’escarcelle de ECP, suivie de la Banque togolaise de développement en août 2012 pour 30 millions d’euros à travers un processus de privatisation de quatre banques publiques. Parallélement, les filiales microcrédits sont cédées à Finadev Africa Holding LLC, détenue majoritairement par l’un des fonds ECP.
Ce réaménagement salvateur permet à Orabank de s’ancrer dans le paysage bancaire africain et de se positionner en vue de l’acquisition (bouclée) de 51% de la Banque régionale de solidarité, la BRS , comprenant huit filiales pays dont une bonne partie déficitaires. Le prix est jugé intéressant comparé aux coûts d’acquisition de parts de marché dans la région. Cette croissance externe, qui l’installe au Sénégal et en Côte d’Ivoire, fait d’Orabank l’un des groupes majeurs de la Middle Africa. « Seulement en termes d’actifs et non de PNB », s’empresse de préciser un banquier en réponse à notre question. En un an, le total bilan d’Orabank est passé de 690 à 1 100 millions d’euros.
Pour financer son expansion, le groupe sollicite le marché. Une émission obligataire est actuellement en cours de préparation pour un montant de 15 milliards de FCFA. La garantie de la BOAD à hauteur de 43% et celle du Fonds de Garantie des investissements en Afrique (GARI) à hauteur de 30%, réduit considérablement le risque investisseur. Dans le même temps, cela interpelle aussi sur les difficultés des banques africaines à lever des fonds. La simple notation des émetteurs, assortie d’un business plan, ne suffit apparemment pas à lever les appréhensions des investisseurs.
Aussi, cet emprut sur-garantie n’offrira pas à Orabank l’occasion de recueillir l’avis du marché sur son programme d’expansion (notamment l’acquisition d’un groupe en difficulté comme la BRS) et la qualité de son management. Le trés expérimenté Patrick Mestrallet, 63 ans, directeur général d’Orabank, un transfuge de CBAO-Sénégal, le sait mieux que quiconque: la force d’une banque réside dans ses gains futurs, dans la maîtrise de ses charges d’exploitation à un coefficient d’exploitation soutenable et, last but not least, dans un ratio d’endettement qui soit modéré. L’emprunt en cours à un taux de 6,75% -2013-2019- sur la Bourse régionale d’Abidjan ne devrait pas détériorer ce ratio compte tenu du programme de renforcement de fonds propres engagé depuis l’arrivée de ECP.
Renforcement de fonds propres
Une opération d’augmentation de fonds propres à hauteur de 7,3 milliards de FCFA (18 millions d’euros) a été réalisée en mai 2013 auprés de BIO (1,8 milliards), Proparco (3,5 milliards FCFA), et BOAD (2 milliards FCFA) pour porter le capital de la banque à 54,965 milliards de FCFA. Ces fonds de développement avaient déjà consenti à Orabank quelque 20 millions de dollars en novembre 2011 (13 millions de dollars de Proparco et 7 millions de BIO).
Au début de l’année, l’assureur Axa est entré dans le capital d’Orabank suscitant beaucoup de commentaires dans le landerneau financier et économique où l’on s’attendait plutôt à un positionnement de la NSIA.
Encadré
Un actionnariat dominé par le fonds ECP
L’actionnariat et l’organigramme financier d’ORAGROUP SA à juin 2013 sont constitués de la façon suivante :
-ECP Financial Holding LLC (EFH) : 63,513%
-CAGS : 2,66%
-Institutions de Financement du Développement (BIO / PROPARCO / BOAD) : 19,16%
-Actionnaires privés : 14,67%