La Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), le patronat ivoirien, est à la croisée des chemins. Alors qu’elle s’apprête à tenir, au forceps, une assemblée générale dite « mixte », – assemblée générale extraordinaire doublée d’une autre ordinaire-, le 5 septembre 2013, avec pour véritable agenda de faire adouber l’idée d’une énième prorogation des mandats, arrivés à terme depuis 2011, du président Jean Kacou Diagou principalement et des administrateurs, les lézardes dont elle est de plus en plus parcourue se prononcent.
Les lignes de clivages sont de plus en plus marquées entre les tenants d’un « retour à une conformité avec les dispositions statutaires de l’organisation patronale » et les militants « d’une prorogation de la situation d’exception qui vaut au président Jean Kacou Diagou de présider encore aux destinées du patronat ivoirien, alors qu’il aurait dû passer la main depuis déjà deux ans ». Outre le « syndrome Laurence Parisot » contracté par le patron des patrons ivoiriens, le malaise prend également source dans la gestion que fait la CGECI de la part des ressources de la Taxe sur les équipements (TSE) et la Contribution pour la reconstruction nationale (CRN) reversées par l’Etat au profit de l’ensemble du secteur privé ivoirien ainsi que le mode de gouvernance de l’organisation de plus en plus jugé par certains membres, « éloigné de la défense réelle des intérêts des entreprises, manquant de lignes directrices claires et clientéliste ».
Dans une « note d’alerte » adressée au président de la CGECI aux lendemains d’un conseil d’administration tenu le 4 juillet 2013, la Fédération maritime (Federmar) dont le président chapeautait un Comité d’organisation de l’assemblée générale ordinaire 2013 du patronat, déplore, à cet effet, « qu’à force d’arrangements intempestifs, la Cgeci s’est peu à peu éloigné de son acte fondateur… les compromis réalisés au nom de la cohésion, (à savoir la prolongation d’une année deux fois de suite des mandats du président et des administrateurs) semblent guider vers une compromission ». Le mode de gouvernance de l’organisation patronale paraît, de plus en plus, basé sur de « petits arrangements entre copains qui, pour se partager les sièges destinés au secteur privé dans certaines institutions, qui, pour fouler aux pieds les dispositions réglementaires, qui encore, dans l’attribution des marchés d’études, de construction, de services, sinon dans l’appui aux activités des faîtières de base... » s’indigne, un chef d’entreprise membre.
C’est donc un patronat ivoirien à l’image assez trouble dans le landernau économique, particulièrement ces derniers mois, et divisé entre « membres optant pour un aménagement des textes actuels dans le sens d’une homologation des conditions d’exception et de cacophonie prévalant actuellement, ceux envisageant dans l’immédiat une réforme du mode de gouvernance de l’organisation et les tenants de la thèse du respect strict des clauses statutaires », qui est appelé à se réunir dans quelques jours en assemblée générale mixte.
Les risques réels d’en sortir affaibli par des défections de groupements, de recours à la justice ou à l’arbitrage de l’Etat notamment en ce qui concerne la gestion des fonds publics mis à disposition par l’Etat. « Il est inutile de continuer de nous exposer en prenant des décisions de prorogation supplémentaires qui nous maintiennent dans la violation de nos statuts et nous décrédibilisent davantage » a prévenu depuis plusieurs semaine déjà l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI).
René Kouassi Yao, Abidjan