Nouveau coup de boutoir dans l’exception française. Le groupe Accor dont la force de frappe reposait sur l’inspiration de ses fondateurs et la touche bien française (et onéreuse) de ses offres vient de basculer dans la grande finance. Sebastien Bazin est devenu depuis hier le nouveau directeur général.
Nommé sans tambours ni trompettes, le directeur de Colony Europe débarque sous les sifflets du marché (le titre a décroché de 1,71% à l’annonce de cette nomination) avec un business plan clair: céder les murs et le foncier, redresser la courbe de rentabilité avec l’exploitation quitte à tailler sur les effectifs.
Tout compte fait, la période faste du groupe est bien derrière. Le nouveau nommé reprendra le travail là où Denis Hennequin, PDG démissionnaire, l’avait laissé en avril dernier. Peut alors commencer la transformation du groupe hôtelier en un simple actif cessible et vendable en pièces détachées. Le départ également annoncé de Yann Caillère, directeur général de Accor, n’est-il pas le prélude de la fin d’une époque?
Ce changement majeur, nous le sentions depuis 2005 quand Colony est arrivé dans le capital du leader mondial de l’hôtellerie. La participation du fonds s’élève aujourd’hui à 11,2%. Les associés Colony Capital et Eurazeo possèdent 21,4% du capital du groupe hôtelier et 30% des droits de vote. Suffisant pour prendre le pouvoir dans un environnement d’actionnariat éclaté.
La philosophie de Colony est claire: les Ibis sont préférés aux Sofitel et la tendance à l’économique est exaltée dans les réunions du groupe au détriment du faste et du rêve.
Les fondateurs historiques du groupe comme Gerard Pelisson sont aujourd’hui sur la touche. Aucun des PDG qui ont tenté de remettre le navire à flot depuis 2008 n’est parvenu à résister à la logique de rentabilité à court terme constituant la raison d’être de Colony Capital. En se dotant des pleins pouvoirs, le fonds américain vient de signifier qu’il est temps que l’hôtellerie touristique fasse de la place à l’hôtellerie financière.