Le banquier Abdoul Mbaye a été limogé dimanche 1er septembre de son poste de premier ministre. Aucune raison n’a été avancée quant à ce changement. L’ancien sociétaire de la BIAO a été remplacé par Aminata Touré, jusque-là ministre de la justice, devenue populaire avec l’affaire de la traque des biens mal acquis. Contexte.
Si aucune raison officielle n’explique ce remaniement, la presse sénégalaise spécule sur de probables causes conjoncturelles et politiques. L’apolitisme d’Abdoul Mbaye, ajouté à la mauvaise situation économique du pays n’en faisaient pas un allié de choix. De plus, le nom de l’ancien premier ministre avait été cité en rapport au dossier Hussein Habré. En trouvant refuge au Sénégal en 1990, l’ex-président tchadien avait apporté avec lui 16 milliards de FCFA (20 milliards selon les autorités tchadiennes) et les avaient placés à la BIAO alors dirrigée par Abdoul Mbaye. Dans une récente interview au journal américain Foreign Office, le président Macky Sall avait laissé entendre qu’il prendrait ses responsabilités au cas où son premier ministre était mêlé dans cette affaire.
L’intéressé, qui a livré sa dernière interview en tant que premier ministre, vendredi dernier, dans l’émission « Les affaires de la cité » de la chaîne TFM, a notamment déclaré: « Sur l’affaire Hussein Habré, j’ai dit ce que j’avais à dire le 26 décembre, devant la représentation parlementaire. Je n’ai plus rien à dire. Par contre, je crois que j’ai pris rendez-vous avec ceux qui n’ont pas peur que le ridicule les tue lorsque l’information sur le dépôt éventuelle sera connue » . Et d’ajouter en guise de conclusion: « « Je démissionnerai si je devais comparaître sur l’affaire Hussein Habré.»
Rappelons que le parti démocratique sénégalais (PDS), minoritaire au Parlement, avait déposé une motion de censure en décembre 2012 contre Abdoul Mbaye. La motion avait été certes rejeté mais M. Mbaye devenait par la même occasion encombrant dans un gouvernement qui a fait de la bonne gouvernance son principal cheval de bataille.