Est-ce le début d’un retournement de conjoncture au niveau du secteur bancaire marocain ? Après des années fastes, le secteur commence à montrer quelques signes d’essoufflement qui ont été globalement masqués, pour certaines banques, par les bonnes performances de leurs filiales à l’international. S’il est encore tôt pour parler d’un retournement de conjoncture, il est certain que la situation économique difficile que traverse le Royaume et qui affecte plusieurs secteurs de l’économie marocaine (immobilier, sidérurgie, ciment, textile, tourisme, etc.) commence à impacter négativement sur le secteur bancaire.
Outre la hausse des créances en souffrances (+12,5 % à fin juillet 2013 comparativement à fin décembre 2012), le secteur fait face à un ralentissement inquiétant des demandes de crédits. L’encours des crédits à l’économie du secteur ne s’est ainsi apprécié que de 0,8 % à 724,7 milliards de dirhams pour les 7 premiers mois de l’année. Or, les banques marocaines tirent leurs revenus essentiellement des marges d’intérêt donc des crédits octroyés aux entreprises et aux particuliers.
Dans ce contexte, le groupe Attijariwafa bank a fait mieux que le marché avec un encours des crédits distribués en évolution de 1,6 % à 253,6 milliards de dirhams dont 18,2 % réalisés à l’international. En conséquence, le produit net bancaire du groupe s’est apprécié de 4,7 % à 9,1 milliards de dirhams à fin juin 2013. Parallèlement, le résultat brut d’exploitation (RBE) a progressé de 4,6 % à 5,1 milliards de dirhams grâce à une croissance maîtrisée des charges générales d’exploitation.
Toutefois, le résultat net consolidé s’est déprécié de 1,9 % à 2,7 milliards de dirhams et le résultat net part du groupe (Rnpg) a baissé de 4,8 % à 2,2 milliards de dirhams.
1,11 milliard de dirhams de dotations aux provisions
Cette contraction du bénéfice du groupe s’explique essentiellement par l’augmentation du coût du risque. En effet, face à une conjoncture économique difficile pour de nombreux secteurs d’activité, le groupe a adopté une approche rigoureuse en matière de suivi et de couverture des risques. Ainsi, les dotations aux provisions du groupe ont augmenté de 38 % à 1,11 milliards de dirhams à fin juin 2013 dont 1,03 milliard de dirhams (+44,11 %) de dotations aux provisions pour dépréciation des prêts et créances. En tenant compte des reprises de provisions, le coût du risque du groupe à fin juin s’est accru de 63,73 % à 971,64 millions de dirhams (MDH).
A noter le bon comportement de la Banque de Détail à l’International (BDI) grâce notamment à la normalisation de l’activité au Mali et la reprise de la croissance en Tunisie, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Ainsi, la contribution de la Banque de détail à l’international (BDI) au produit net bancaire du groupe a augmenté de 10,4 % à 2,3 milliards de dirhams, représentant 25,27 % du Pnb du groupe. De même, au niveau de la rentabilité, la contribution de la BDI au Rnpg s’est accrue de 31,2 % à 363,8 MDH, soit 16,54 % du bénéfice du groupe.
Enfin, les fonds propres consolidés du groupe se sont renforcés de 7,9 % à 35,8 milliards de dirhams grâce à l’opération d’augmentation de capital par conversion optionnelle de 50 % des dividendes au titre de l’exercice 2012 pour un montant de 685,2 MDH et à l’emprunt obligataire subordonné d’un montant de 1,25 milliard de dirhams. En dépit de cette augmentation des fonds propres, le rendement brut des fonds propres (RoE) du groupe se maintient aux meilleurs standards internationaux en ressortant à 16,1 %.