Vivendi va se scinder en deux pôles d’activité, selon une annonce officielle datant du 11 septembre. Cette réorientation concerne aussi l’Afrique.
Le projet est à l’étude par le conseil de surveillance qui fait ainsi une lecture fine de la tendance des télécoms. En effet et d’ après même les derniers résultats du groupe, la profitabilité des télécoms sera désormais conduite par les activités de contenu, musiques et jeux. Le segment de la téléphonie mobile qui a connu son âge d’or sur la période 2000-2010 a atteint son seuil de maturité dans les marchés développés et s’en approche dans certains marchés émergents, en dehors de l’Afrique. Cette tendance se reflète clairement dans les valorisations des groupes télécoms purs, en chute prononcée.
En Afrique, le thermomètre de cette tendance serait l’opération de cession du bloc de Vivendi dans Maroc Télécom. Il n’y a pas eu le rush sur cette valeur pourtant stratégique, positionnée en Afrique et, selon les analystes, dotée d’un réservoir de progression important. Fait inédit, Vivendi a même approché son rival France Télécom pour venir surenchérir afin de l’aider à relever l’offre du seul prétendant sérieux, l’émirati Eitisalat. Il y a encore trois ans, le bloc de contrôle de Vivendi aurait valu 8 milliards d’euros contre les 5 milliards actuels.
C”est en tirant les conclusions de ces différentes tendances que Vivendi a décidé d’isoler l’opérateur de téléphonie mobile SFR des activités de média (musique, internet, cinéma) dés l’assemblée générale du groupe en 2014. Cette mue intervient alors que l’homme d’affaires “franco-africain”, Vincent Bolloré, est devenu premier actionnaire de Vivendi avec 5% des parts. Vice -président du groupe et postulant ouvertement pour le poste de président, l’opérateur portuaire et homme des médias, arrive au moment où Vivendi se retire de l’Afrique et du monde émergent (Brésil). Preuve que le repositionnement autour des métiers de contenu implique aussi un recentrage géographique autour de l’Europe et des marchés majeurs.
Et l’Afrique dans tout cela?
Les opérateurs télécoms africains, encore concentrés sur les segments mobile, fixe et fourniture d’internet, doivent évoluer vers le contenu afin d’éviter de la destruction des valeurs. Certes, nous sommes encore dans des marchés où les taux de couverture GSM oscillent entre 50 et 60%, s’aventurant rarement en dehors des grandes villes. Ce n’est pas non plus une excuse pour ignorer que les valorisations futures ne favorisent plus la téléphonie pure. Ce n’est qu’en intégrant cette approche que la voix, qui reste paradoxalement chère en Afrique, va commencer à baisser. Si l’ARPU est bas dans nos contrées, ce n’est pas à cause du client mais plutôt à cause de l’opérateur qui voudrait le maintenir au régime du 20e siècle.
Adama Wade