Alors que le Mali fête, ce jeudi 19 septembre, la démocratie retrouvée autour de son président Ibrahim Boubacar Keita, en présence de François Hollande, du Roi Mohammed VI du Maroc, du président driss Déby Itno du Tchad, du sud-africain Jacob Zuma et de l’ivoirien Alassane Ouattara , Kidal, fief des séparatistes touarégues, se complaît dans un statut précaire. Ni loyaliste ni indépendantiste, ni libérée ni perdue. Mais, au delà des discours, il y a des signes qui ne trompent pas.
par Kassoum Koulibaly, Bamako (envoyé spécial)
Le gouverneur administratif nommé par Bamako y a pris fonction dans la discrétion absolue et sous bonne escorte dans une maison banalisée. Certains de ses collaborateurs sont des SDF. Pendant ce temps, les lieutenants du MNLA occupent le siège du gouvernorat et multiplient les iniatives médiatiques, politiques et diplomatiques. L’armée malienne compte ses incidents avec les rebelles.
Dimanche dernier, trois ministres du nouveau gouvernement, dont le chargé de la réconciliation nationale et du développement des provinces du Nord, ont été accueillis dans cette 8e région malienne par des cailloux et des cris hostiles. La Minusma a déploré l’incident cantonné qu’elle elle dans son rôle de gardienne d’une ligne de démarcation imaginaire. Saura-t-elle résister longtemps aux rigueurs du climat et aux désertions de soldats dont les soldes ont pris des voies détournées?
En attendant, Kidal nage dans son statut particulier avec plusieurs armées, deux drapeaux et plusieurs seigneurs de guerre aux motivations diverses. L’on note chez les différents protagonistes qui se disputent cette ville une différence d’interprétation des accords de Ouagadougou signés le 18 juin 2013 et stipulant dans son article 12 le retour progressif de l’administration et, selon certaines interprétations, la détermination d’un statut final de l’Azawad environ 60 jours après l’élection d’un président de la république.
Pour les séparatistes, une quelconque solution passerait par un réglement international. Bamako n’entend pas en parler multipliant les contacts directs avec la notabilité civile et militaire touarégue au risque de tomber dans les mêmes surenchères d’antan. Le MNLA,fort de son pacte avec le Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA), la Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance ainsi que le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA),se pose en interlocuteur incontournable.Qu’il est loin le temps où ce groupe laïque jetait des yeux de Chimène à des djihafistes de tout poils.
Au final, la question du Nord, qui a coûté à ATT son fauteuil, reste entière. Premier candidat à fouler cette ville rebelle, sous bonne escorte, le président IBK dispose d’une légitimité incontestable au plan national renforcé par la confiance de la communauté internationale pour mener à bien les négociations de fond. Pourvu qu’il ne tombe dans la tentation de se tailler des interlocuteurs sur mesure. Pourvu que les trois milliards d’euros d’aide annoncés à Bruxelles tombent vite. Pour le moment, seuls 150 petits millions ont été décaissés..A ce train là, le séduisant du programme IBK risque de mourir de sa belle mort.