Quand le bâtiment va, dit l’adage, tout va. A Abidjan, la relance du secteur immobilier dans la foulée de la reprise économique post-crise se fait sur fond de vive concurrence entre les producteurs ivoiriens de ciment. De fait, l’arrivée cette année sur le marché de la société Ciment D’Afrique (CIMAF), appartenant au promoteur immobilier marocain, Anas Sefrioui (photo) , spécialisée dans le broyage de clinker, trouble le sommeil des deux producteurs traditionnels qui se partageaient jusqu’à une date récente le marché ivoirien : la Société Ivoirienne des Ciments et Matériaux (SOCIMAT) qui a une usine à Abidjan et sa rivale, le Groupe Amida, propriétaire de la Société des Ciments d’Abidjan (SCA) qui a une usine à Abidjan et de la Société des Ciments du Sud-Ouest à San-Pédro qui se trouve à San-Pédro.
Le Groupe Amida en Côte d’Ivoire et la SOCIAMAT avec leurs 3 usines avaient en 2012 une capacité de production de 2,54 millions de tonnes pour une consommation de 1,85 tonnes, l’excédent (plus de 30%) étant exporté au Mali, au Burkina, au Niger et en Guinée. Même si la crise que la Côte d’Ivoire a porté un coup dur aux exportations qui ont été réduites à 78 000 tonnes en 2012 contre 526 000 tonnes à la fin des années quatre-vingt dix, Le Groupe Amida et SOCIMAT, en situation d’oligopole, voguaient sur des eaux assez calmes, jusqu’à ce que la société CIMAF fasse irruption sur le marché ivoirien, en commençant d’abord par l’importation du ciment marocain, une stratégie destinée, selon ses dirigeants «à tester le marché ivoirien » ; mais dénoncée par les concurrents. «Ces importations soupçonnées de fraudes sur la valeur ont favorisé sur le marché des niveaux de prix et des conditions commerciales qui faussent le jeu de la concurrence loyale et saine », affirme-t-on de source proche des professionnels ivoiriens. Ces importations, semble-t-il, ont pris de l’ampleur avec l’arrivée des opérateurs chinois, aux dents encore plus longues. De 2012 à 2013, on estime à 100 000 tonnes le ciment importé qui a envahi le marché ivoirien.
Mais l’inquiétude des opérateurs traditionnels est ailleurs : c’est la crainte du dumping sur le marché, avec la construction dans la zone industrielle de Yopougon, à l’ouest d’Abidjan, de la première usine de la société CIMAF d’un coût de 19, 6 milliards F CFA. Elle s’étend sur 5 hectares et sa capacité de production est de 500 000 tonnes de clinker par an, extensible à 1 million de tonnes. L’usine est approvisionnée du clinker importé des usines de la société CIMAT installée au Maroc et appartenant à la même société-mère. CIMAF est entrée en production depuis le mois de juillet 2013, avec un effectif de 200 salariés.
Le Groupe SEFRIOUI propriétaire de CIMAF entend diversifier ses activités en Côte d’Ivoire, puisqu’une autre société du même Groupe, ADDOHA, qui est spécialisée dans la promotion immobilière, a en projet la construction de 2500 logements sociaux à Abidjan. Une convention a été déjà signée à cet effet entre l’Etat et le Groupe marocain. D’autres projets de cimenterie du même type que celui d’Abidjan sont en cours en Guinée, au Sénégal, au Cameroun et à Pointe Noire.
En Côte d’Ivoire où l’Etat a entrepris de réaliser un important programme immobilier pour réduire l’important déficit de logements, la question du ciment et surtout de son prix a un enjeu stratégique majeur. Et l’opérateur marocain à qui le Premier ministre, Daniel Kablan Dunkan, l’a fait savoir lors de sa visite du chantier en mars dernier, entend jouer à fond la carte du prix pour négocier son entrée sur un marché au potentiel immense où les premiers venus semblaient dormir sur leurs lauriers.
Désormais, la guerre du ciment est ouverte. Et le Groupe Amida qui détenait 50% des parts de marché, ne veut pas se laisser «bouffer». Il a alors décidé de réagir coups pour coups, en appelant en renfort CIMINTER, sa troisième usine qui se construit actuellement dans la zone industrielle de Vridi à Abidjan, pour un coût de 40 milliards f CFA. L’usine d’une capacité de 1,4 million de tonnes emploiera au total 200 salariés permanents. A la fin des travaux de la première tranche à fin 2013, ce seront 700 000 tonnes de ciment qui sortiront, comme de vraies munitions, pour passer à la contre-attaque.
Albert Savana, Abidjan
3 commentaires
Une chose j’aime c’est la CONCURRENCE. Nous sommes fatigues des regimes monopolistes ou oligapolistes en afrique. Les prix du ciment vont faire leur trend a la baisse pour les consomateurs. ALlEZ CIMAF! je vous soutiens.
C ca aussi alassane Ouattara
la concurrence rend fort!beaucoup de courage