Réuni vendredi dernier pour la troisième fois en l’espace d’un mois, le conseil d’administration d’Ecobank n’a pas écouté l’appel du leader Gervais Koffi Djondo, président d’honneur et fondateur de la banque, demandant le départ du président du conseil d’administration, Kolapso Lawson, nigérian, homme d’affaires prospère, mis en cause en même temps que le directeur général, Thiery Tanoh, par l’ancienne directrice financière, Laurence Do Rego, aujourd’hui suspendue.
Les allégations de Mme Do Rego portant sur un gros impayé de M. Lawson du à Ecobank (l’homme a remboursé depuis, ce qui est au plus un aveu, au moins une malheureuse tentative d’escamotage de brèches), le super bonus de M.Tanoh, ainsi qu’une opération de vente d’actifs en dessous de leurs cours, sont suffisamment sérieuses pour ouvrir le débat sur le mode de gouvernance de la plus panafricaine des banques. Pour le moment, en dépit des pressions de certains actionnaires et d’une partie du personnel, M. Lawson (dont le père est, au même titre que M. Djondo, fondateur d’Ecobank) et M. Tanoh restent aux commandes de la banque au risque de brouiller encore plus son image d’institution performante et rationnelle.
En restant aux commandes envers et contre les avis d’une frange importante de la banque, les deux managers prolongent la crise au sein d’Ecobank. Il leur revient désormais la charge de la preuve de leur innocence. La désignation du juge Seydou Bâ, ancien président de l’OHADA , sensé faire la lumière sur les accusations et contre accusations, renvoie l’affaire -Tanoh-Lawson à une enquête devant prouver ou non les allégations de Mme Do Rego. Pourront-ils, compte tenu de leur implication dans cette affaire, se consacrer correctement à leur travail ?
Dans le même temps et toujours aux frais d’Ecobank, l’un des bigs fours de l’audit sera commis pour revoir le mode de gouvernance de l’institution. Il est déjà acquis, répête-t-on au sein de la banque, que le modèle actuel permettant à un Directeur général et à un président du conseil d’administration de s’accorder des faveurs via des procédures hâtives et sans l’aval formel du conseil d’administration a vécu.
Quant au gendarme de la Bourse du Nigeria, il a déjà désigné le cabinet KPMG pour l’assister dans l’enquête relative au dossier.
Accélération du calendrier de l’OPA
Pour le moins, Thierry Tanoh et Kolapo Lawson, qui, en bons managers africains, ont voyagé à Paris et à Londres, pour s’expliquer devant « la grande presse » (Financial Times et RFI notamment) ont, par leurs différentes erreurs, accéléré le calendrier de l’OPA rampante de Nedbank. La sud-africaine qui a la possibilité, dés novembre 2013, de convertir le prêt de 280 millions de dollars accordés à Ecobank à fin 2011 se voit poussée à prendre ses responsabilités.
Il y va désormais de l’avenir et de la crédibilité de l’institution. Il y va surtout de l’argent des milliers de petits porteurs accrochés à une valeur qui, tout en annonçant une « hausse historique » (hausse soumise à investigation), n’en continue pas moins de distribuer des dividendes sur le pouce. Pour ces petits actionnaires, la mission de M. Lawson et de Tanoh reste avant tout de valoriser leurs investissements pour leur permettre d’engranger du rendement et de la rentabilité.
Si Nedbank exerce son option et, par la même occasion, parvient à avoir le feu vert de Public Investment Corporation (PIC) et la neutralité bienveillante et active de la Société financière internationale (SFI) , alors elle sera poussée stratégiquement à faire une offre substantielle aux actionnaires pour créer un bloc de contrôle. La constitution d’un leadership au sein de l’actionnariat créera de l’efficacité et permettra à la plus panafricaine des banques de dépasser une collégialité (à ne pas confondre avec démocratie), destructrice de valeurs. Ecobank sera plus forte avec un leadership clair et une direction claire avec conseil de surveillance et directoire. Et surtout un comité de gouvernance, doté de pérogatives (dont la fixation des salaires et des bonus des managers) qui ne soit pas juste de l’ordre du décoratif. Dommage qu’au terme d’une crise si didactique, le bloc ouest africain, fondateur de la banque, soit obligé de passer le témoin. Pourvu qu’Ecobank en sorte grandie avec plus de moyens financiers et humains pour transformer sa vision panafricaine.
6 commentaires
En Afrique on ne respect plus les anciens et les sages .si le conseil a refuse de suivre le conseil d’un des fondateur de la banque. Ce dernier à été honoré à new York lisez la presse. Et si GERVAIS KOFFI DJONDO avait raison ?
Quand le lien est brisé, il n’y a plus de confiance !On ne peut pas tout savoir de l’entreprise, mais on doit poser les bonnes questions et soulever des enjeux !
La gouvernance ne peut plus être seulement un travail de surveillance des activités des organisations. Elle devrait imprégner toute la culture d’entreprise, en commençant par renouveler les habitudes des conseils d’administration. Ce dernier doit être composé d’une majorité de membres légitimes, crédibles et indépendants
La gouvernance ne doit pas bâtir une culture de confiance seulement à l’intérieur de l’organisation, mais aussi avec les multiples parties prenantes .Pour que l’organisation ne soit plus isolée, et qu’elle prenne du recul sur sa manière d’obtenir des résultats, il faut repenser la façon de choisir les membres de son organe directeur. Le conseil d’administration doit être composé d’une majorité de membres légitimes, crédibles et indépendants, capables de forcer les cadres de l’entreprise à rendre des comptes, et dotés d’un solide code de déontologie.
La méthode d’évaluation des dirigeants est également à revoir, : Les règles, c’est le réflexe numéro un. Mais quelqu’un peut facilement les contourner» à l’ère des médias sociaux et de l’internet. On demande à tout le monde de rendre des comptes, et on sait que chacun doit expliquer ses bons comme ses mauvais coups…
Je découvre votre journal et aimerais le connaître plus amplement.
Bonne continuation.
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Bon vent a vous.
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