Le 7eme Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG), publié aujourd’hui, confirme la progression générale du niveau global de gouvernance à l’échelle du continent. De fait, les pays dont la qualité de la gouvernance s’est améliorée depuis 2000 représentent aujourd’hui 94 % de la population du continent.
Depuis 2000, les améliorations les plus significatives observées à l’échelle continentale se situent dans les catégories Développement humain et Développement économique durable ainsi que, dans une moindre mesure, dans la catégorieParticipation et droits de l’homme. En revanche, la catégorie Sécurité et souveraineté et de droit décline de manière préoccupante d’année en année depuis 2010.
Au-delà de cette tendance générale positive, L’IIAG 2013 fait apparaitre un élargissement de l’éventail des résultats de gouvernance, voire des évolutions divergentes, entre pays d’abord, mais également entre les différentes catégories qui composent l’Indice, et en leur sein même.
Pour Mo Ibrahim, président de la Fondation Mo Ibrahim, « Ni l’afro-pessimisme ni l’afro-optimisme ne rendent justice à l’Afrique d’aujourd’hui. Il est temps de faire place à l’afro-réalisme et de faire preuve de lucidité sur notre continent. Certes, il convient de saluer le chemin parcouru. Mais il importe aussi de se montrer pragmatique face aux défis auxquels notre continent se trouve confronté. »
Des résultats divergents dans la catégorie Sécurité et souveraineté du droit
Au sein même de la catégorie Sécurité et souveraineté du droit, les sous-catégories qui la composent présentent des tendances divergentes.
Ainsi, si la sous-catégorie Sécurité nationale continue de progresser – l’indicateur Tensions frontalières présentant l’amélioration la plus significative – la sous-catégorie Sécurité individuelle affiche un déclin préoccupant. Quatre sur cinq des indicateurs qui la composent figurent ainsi parmi les dix indicateurs de l’Indice ayant enregistré la plus forte détérioration. La sous-catégorie Sécurité individuelle enregistre pour sa part la plus lourde dégradation depuis 2000 de toutes les sous-catégories de l’Indice.
De même, si les résultats de la sous-catégorie Redevabilité se sont légèrement améliorés depuis 2000, notamment pour l’indicateur Corruption et bureaucratie, la sous-catégorie Souveraineté du droit se dégrade.
« Sur un continent où les deux tiers de la population ont actuellement moins de 25 ans, ces tendances divergentes au sein de la catégorie Sécurité et souveraineté et de droit sont préoccupantes. Il peut s’agir d’un signal d’alarme, qui verrait l’apaisement des conflits régionaux enregistré en ce début de siècle progressivement remplacé par la montée de l’agitation sociale domestique» relève Hadeel Ibrahim, directrice exécutive fondatrice de la Fondation Mo Ibrahim.
Les scores de l’IIAG révèlent un paysage complexe
L’IIAG 2013 illustre la complexité croissante de la situation sur le continent africain. Le principal défi consiste en effet à
garantir la soutenabilité des progrès enregistrés. Plus que jamais, une affectation équitable des ressources doit être une priorité politique et stratégique. Pour progresser durablement, un engagement constant et partagé en faveur de chacune des quatre catégories de l’IIAG (Sécurité et souveraineté et de droit, Participation et droits de l’homme, Développement économique durable et Développement humain) est essentiel.
De fait, le niveau moyen de gouvernance sur le continent, soit 51,6, masque un écart croissant entre les pays : Maurice arrive ainsi en tête avec un score de 82,9, tandis que la Somalie, en queue de peloton, affiche un score de 8,0.
Entre 2000 et 2012, l’écart s’est creusé entre pays les plus performants et pays affichant les résultats les plus faibles, tant en termes de niveau global de gouvernance qu’au niveau des différentes catégories. Cela est particulièrement manifeste dans la catégorie Développement économique durable.
Pour Salim Ahmed Salim, président du Comité du Prix Ibrahim, « L’écart qui s’accroit entre les résultats de gouvernance, notamment au sein de certaines sous-régions, souligne l’enjeu du renforcement de la cohésion et de la solidarité au sein même de notre continent. C’est une condition cruciale de son unité. »
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Tendances spécifiques
Succès
Le Libéria, l’Angola, la Sierra Leone, le Rwanda et le Burundi, pays sortant tous d’une longue crise, tiennent le haut de l’affiche des pays obtenant les meilleurs résultats depuis 2000. Deux de ces pays en particulier, l’Angola et le Rwanda, ont nettement amélioré, année après année, leurs résultats de gouvernance, affichant leurs scores les plus bas en 2000 pour atteindre leurs meilleures performances en 2012. Le Rwanda se retrouve à la 15e place et l’Angola à la 39e place (sur 52 pays) pour le niveau global de gouvernance.
Tendances nationales
Le classement des dix pays les plus performants est resté relativement stable au fil des ans. Huit pays ont réussi à s’y maintenir depuis 2000 : Maurice, le Botswana, le Cap-Vert, l’Afrique du Sud, les Seychelles, la Namibie, la Tunisie et le Ghana. Le classement des dix pays les moins performants a, lui, enregistré davantage d’allées et venues depuis 2000. Six pays sont en effet restés dans ce groupe de 2000 à 2012 : le Zimbabwe, la Guinée équatoriale, le Tchad, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et la Somalie. Depuis 2000, sept autres pays, dont quatre en situation de post-conflit (l’Angola, le Burundi, le Libéria et la Sierra Leone) ont réussi à quitter le peloton de queue.
Tendances par sous-catégorie
Onze des 14 sous-catégories de l’IIAG affichent une amélioration depuis 2000 : Redevabilité, Sécurité nationale, Participation, Parité, Gestion publique, Environnement des entreprises, Infrastructures, Secteur agricole, Protection sociale, Enseignement et Santé. En revanche, un recul majeur a été observé pour les sous-catégories Souveraineté du droit, Sécurité individuelle et Droits.
Tendances par indicateur
Sur les 94 indicateurs que comprend l’IIAG, les dix indicateurs ayant le plus fortement progressé depuis 2000 sont les suivants : Traitement par antirétroviraux, Ratio du service de la dette extérieure sur les exportations, Couverture numérique, Conventions internationales fondamentales relatives aux droits de l’homme, Tensions frontalières, Législation contre les violences faites aux femmes, Vaccination (rougeole et DCT), Représentation des femmes au Parlemen