A l’automne 2012, le français Vivendi espérait au moins 5,7 milliards d’euros de la vente de ses 53% détenus dans Maroc Télécom. Le marché en a décidé autrement. En effet, la valeur qui a coté jusqu’à 115 dirhams (1 euro= 10,8 dirhams) au début de cette année a dramatiquement plongé.
La transaction conclue le 5 novembre valorise le titre, première capitalisation boursière au Maroc, à 100 dirhams, soit plus de 2,9% par rapport au cours du jours (98 dirhams) et nettement au dessus des 92 dirhams issus de la valorisation d’un cabinet indépendant. A la Bourse de Paris, la valeur se négociait à 8,4 euros en baisse de 3%. A ce montant de 4,2 milliards d’euros, devrait être retranché les dividendes 2012 (310 millions d’euros) non encore encaissés et, éventuellement, la prime de contrôle.
Au final, la valeur intrinséque de Maroc Télécom, leader dans son marché traditionnel, présent en Mauritanie, au Mali, au Burkina Faso et au Gabon, a -t-elle subi un coup? Difficile de prononcer sachant que et le chiffre d’affaires, et le résultat d’exploitation et le résultat net de l’opérateur marocains sont en décélération depuis 2010.
Il faut dire que la longueur des négociations ajoutée au retrait pour « raisons politiques » de certains prétendants (le Qatari Ooredeo par exemple), ou stratégiques (France Télécom dont la candidature n’a jamais été concrète), ont réduit l’opérateur français à un face à face difficile avec Eitissalat. La cession s’est faite « conformément aux attentes du marché » selon plusieurs analystes, sur la fourchette basse de la valorisation de Maroc Télécom. Ce qui constitue un juste prix malgré tout puisque le repreneur, Eitissalat, fort d’un parc de 141 millions de clients, densifie sa présence en Afrique alors que le cédant, Vivendi, désireux de se recentrer sur le contenu et les jeux solde une présence marocaine qui lui a rapporté, en plus des 4,2 milliards d’euros, dix ans de dividendes élevés. Largement positif comparé à la mise de départ.
En attendant l’OPA
La transaction étant conclue, le marché se tourne désormais vers une éventuelle OPA conformément à la loi marocaine. Selon l’esprit de l’accord, Eitissalat ne montera pas au delà des 53%, permettant aux groupes marocains de prendre part à la nouvelle configuration de Maroc Télécom. y aurait-il eu accord politique lors de la récente visite du Roi du Maroc aux Emirats Arabes Unis ? Pour rappel, Maroc Télécom est détenu à 30% par l’Etat marocain, le flottant en Bourse constituant 16%.
Dans tous les cas, il faudra attendre ce jeudi et la réouverture du marché casablancais fermé mardi et mercredi pour cause de fêtes, pour mesurer l’impact de la transaction sur le MASI (Morocco All Share Index).