Mercredi 6 novembre 2013. A l’occasion du 38e anniversaire de la marche verte qui a vu la récupération des provinces sahariennes du Maroc, alors aux mains du colonisateur espagnol, le Roi Mohammed VI a reparlé de l’Afrique pour la deuxième fois en l’espace de quelques semaines. Extraits et commentaires.
« Notre but ultime est de faire de nos provinces du Sud un espace de développement intégré, propre à assurer une vie digne pour les populations de la région. Il s’agit aussi de conforter la portée géostratégique de ces provinces en tant que pôle régional de liaison et d’échanges entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne« , déclare le souverain qui rappelle que ces provinces du Sud, principale source de tension avec l’Algérie voisine, ont constitué, au fil de l’histoire, « le prolongement africain du Maroc, incarnant les liens géographiques, humains et commerciaux séculaires, qui unissent notre pays aux Etats d’Afrique subsaharienne« .
Le royaume qui a quitté l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1984 n’en reste pas moins l’un des pôles d’intégration économique du continent. « Bien que le Maroc, membre fondateur de l’Organisation de l’Unité africaine, ne siège pas au sein de l’Union Africaine, il œuvre néanmoins à renforcer et à diversifier ses relations économiques avec les pays du continent et à encourager les investissements mutuels entre eux, tant au niveau bilatéral que dans le cadre des instances et des regroupements régionaux« , déclare le Roi dans un discours retransmis en direct mercredi aux environs de 20h 30.
Le Commandeur des Croyants insiste sur le caractère humain et culturel des rapports marocco-africains. La priorité est donnée » au développement humain, aux infrastructures et au raffermissement des liens religieux et spirituels qui ont toujours uni les peuples frères de ces pays au Maroc et à Notre personne, Amir Al-Mouminine« .
Le Roi invite le gouvernement marocain à renforcer les moyens de coordination et de coopération dans différents domaines et, plus particulièrement, pour la conclusion d’accords de libre échange avec ses partenaires africains dans la perspective de réaliser une intégration économique. Premier investisseur en zone CEMAC et UEMOA, le royaume négocie des accords particuliers avec ces espaces depuis le milieu de la décennie 2000.
Dans cette approche multidimensionnelle qui trouve son ancrage depuis l’intervention au Congo au début des années 60 dans le cadre des missions de paix et de sécurité sous l’égide des Nations Unies et de l’Union Africaine, le Sahel n’est pas à l’écart. « Le Maroc n’a eu de cesse de réaffirmer la nécessité de faire face aux menaces sécuritaires que connait la région du Sahel et du Sahara, devenue désormais un espace pour les groupes extrémistes et terroristes, le narcotrafic, la traite des êtres humains et le trafic d’armes, avec les effets néfastes que cela implique pour le développement et la stabilité de la région. Notre soutien au pays frère, la République du Mali, dans son combat contre les bandes de l’extrémisme et du terrorisme, et Notre présence personnelle à la cérémonie d’investiture de son nouveau président, ne font que traduire Notre engagement sincère en faveur des causes liées à la paix et à la légalité dans les pays du continent. »
Une nouvelle politique d’immigration et d’asile
Autre moment fort du discours du Roi, la mise en place d’une nouvelle politique d’immigration et d’asile, eu égard à la situation prévalant dans certains pays de la région et de la transformation du Maroc d’un point de passage en une destination de résidence. Un département ministériel chargé des questions d’immigration a été mis en place. « La crédibilité du Maroc en matière de droits de l’Homme, est confirmée, entre autres, par l’accueil largement favorable que cette initiative a rencontré auprès des parties directement concernées par cette problématique, et plus particulièrement les pays subsahariens frères, les Etats de l’Union Européenne, et les différentes instances et organisations onusiennes, régionales et internationales concernées par le phénomène migratoire et les droits de l’Homme« , déclare le Roi.
Afin de conforter cette orientation, le Maroc a présenté, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies de cette année, l’initiative de l’Alliance africaine pour la migration et le développement . « Parce que la problématique migratoire concerne tous les Etats et tous les peuples, Nous exhortons la communauté internationale à s’impliquer fortement dans le traitement de ce phénomène, de sorte à prévenir les catastrophes humanitaires qu’il occasionne, comme la tragédie que les côtes de l’île italienne de Lampedusa ont connue récemment, et que nous avons tous ressentie douloureusement ».
En définitive, le Roi réaffirme l’ouverture de plus en plus marquée du Maroc sur son environnement africain. A noter qu’ à la veille de ce discours, le Maroc, le Sénégal et la Mauritanie ont procédé à d’importantes signatures d’accords relatifs à la mise en place de consortiums de transport des personnes par route. Des compagnies mixtes de transport (dont CTM, Supratour côté marocain, Groupe Nouegued côté mauritanien) vont relier régulièrement Tanger à Dakar.
Adama Wade, Casablanca