Un partenariat pour le Sahel. C’est sous ce titre rassembleur que le président François Hollande et le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, se sont retrouvés au siège de la Banque mondiale à Paris, le vendredi 8 novembre 2013 au matin.
Par Jean Michel Meyer, Paris
A l’issue de leur réunion de travail, les deux hommes ont réaffirmé leur soutien au Sahel en général et au Mali en particulier, mettant sur la table 6,2 milliards d’euros pour le développement de la région. Le secrétaire général des Nations-Unies a profité de son passage à Paris pour rendre compte au président français de sa tournée africaine qui l’a mené à Bamako, Niamey, Ouagadougou et N’Djamena, du 4 au 7 novembre 2013.
A Paris, Ban Ki-moon a annoncé l’engagement par la Banque mondiale « de 1,5 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) d’investissements régionaux nouveaux dans les deux ans à venir. » Ces fonds financeront en priorité le développement de filets sociaux pour aider les populations, des services de santé pour les femmes et les jeunes filles et des infrastructures. « Le financement de la Banque mondiale permettra de produire plus d’hydroélectricité et autres sources d’énergies propres, ce qui déploiera considérablement l’irrigation, transformera l’agriculture, protègera et développera le pastoralisme pour plus de 80 millions de personnes au Sahel », a justifié le secrétaire général des Nations-Unies.
L’IFC, la filiale du secteur privé de la Banque mondiale, apporte à ce programme 300 millions de dollars, « pour financer le secteur privé nécessaire pour créer de bons emplois et contribuer à ramener la stabilité dans la région », a indiqué Ban Ki-moon. De son côté, la MIGA, la branche chargée d’assurer les risques à la Banque mondiale, fournira 585 millions de dollars en garanties en 2014 pour un projet gazier en Mauritanie qui exporte de l’énergie vers le Sénégal et le Mali.
A l’occasion de la première visite d’un chef d’Etat français au siège de la Banque mondiale à Paris, avenue d’Iéna, François Hollande s’est fait le porte-parole de l’Union européenne. Sous réserve d’une approbation par le Parlement et par le Conseil européens – ce qui paraît acquis -, l’Union européenne fournira 5 milliards d’euros dans les 7 prochaines années à six pays de la région (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad). Des moyens pour soutenir la sécurité, la stabilité, le développement et la résilience, la bonne gouvernance, les services sociaux, l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’intégration régionale. « Cela doit permettre à la population de retrouver espoir et confiance », a souhaité François Hollande. Et rappelant que « l’aide de la France pour le Sahel à travers l’Agence française de développement (AFD) atteint plus de 900 millions d’euros. Dont 280 millions d’euros pour le Mali sur deux ans. »
A Paris, les deux hommes ont donc confirmé leur engagement qu’un communiqué de la Banque mondiale, daté du lundi 4 novembre, avait prématurément éventé au début de la tournée du secrétaire général des Nations-Unis. La « fuite » dans la presse de ce communiqué officiel pour assurer le teasing de l’opération médiatique de Ban Ki-moon sur le continent a contrarié l’Elysée.
Mais l’heure est au consensus pour soutenir le Mali et ses voisins. « Pour sortir le Sahel du sous-développement et éradiquer les trafics d’armes, de drogue et humains, il faut une politique multilatérale. C’est ce que nous faisons avec la Banque mondiale », a souligné le président français.
L’occasion pour François Hollande de donner rendez-vous à Ban Ki-Moon pour le Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, du 6 au 7 décembre à Paris. Cinquante chefs d’Etats africains ont déjà répondu présents.