Le média social américain aurait été recalé au premier compartiment de la Bourse des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM) s’il en avait fait la demande. Focus.
Adama Wade
Jeudi 7 novembre, le réseau social Twitter (TWTR) a été introduit à la Bourse de New York au cours de 26 dollars. Quelque 70 millions actions ont été mises à la disposition du marché. A la fin de la journée, l’action a clôturé à 44,9 dollars en progression de 76,9% faisant la fortune de grosses banques d’affaires alors que certains petits porteurs ont, encore une fois, payé le prix de la frilosité.
En effet, les chiffres de Twitter ne militent pas pour une prise de risque importante et ne laissaient pas prévoir que l’oisillon allait lever 1,82 milliards de dollars en une journée (Facebook avait fait 16 milliards de dollars l’année dernière) .
Avec un chiffre d’affaires de 420 millions de dollars en 9 mois, des pertes de 120 millions et un modèle économique encore à trouver, le célèbre média social soulève quelques réserves, notamment sur la soutenabilité d’une telle hausse et sur sa valorisation à 24 milliards de dollars. Réserves d’ailleurs confirmées puisque dés le deuxième jour, l’action a corrigé de 9%. D’aucuns, parmi les nombreux financiers et boursicoteurs africains, se demandent si un tel niveau de déficit aurait permis à Twitter de s’introduire à la Bourse des Valeurs mobilières d’Abidjan?
Pour s’introduire au premier compartiment de la BRVM, il faut 500 millions de FCFA. Sur ce critère, Twitter aurait passé haut la main. Par contre, ne présentant pas une marge nette de 3% sur chiffre d’affaires sur chacune des trois dernières années comme le stipule les critères d’introduction, le média social américain sera recalé à la BRVM. Son dossier sera admis peut-être au second compartiment où il faut au minimum deux bilans certifiés.
Faut-il maintenir ce critère conservateur (et discriminatoire envers les entreprises déficitaires) de marges nettes sur chiffre d’affaires? Est-ce que la direction actuelle de la BRVM prendrait le risque de faire sauter ce verrou protecteur des épargnants mais pas encourageant pour les émetteurs.
Ceux qui avaient en 1998, au moment de la création de la BRVM, introduit la marge de 3% avaient une vision « bilancielle » de la Bourse. Or, à l’inverse des comptes certifiés d’une entreprise, la Bourse est un pari sur l’avenir. Ce n’est pas un retour sur le passé, c’est un bond en avant. Tout bilan, aussi certifié soit-il, est une photographie du passé. Les investisseurs qui ont accueilli Twitter n’avaient pas un regard sur son passé compliqué, ses pertes colossales, mais sur son avenir qui s’annonce radieux. La Bourse est sans doute le seul lieu où il est possible d’échanger les difficultés du passé avec les espérances du futur sur la base de la transparence et de la diffusion de l’information. En maintenant une marge de 3% comme condition de départ, l’on se condamne à n’introduire à ce premier compartiment que des entreprises déjà rentables. L’on encourage les émetteurs à se tourner aussi vers le marché obligataire qui a tendance à prendre le pas sur le compartiment actions.
2 commentaires
Bonne analyse !
tres Bonne analyse !