L’attitude incongrue, la désinvolture, le copinage avec le monde des finances et la dérive extrémiste droitière du Président Sarkozy, ont servi le pouvoir sur un plateau d’argent au Président François Hollande le 6 Mai 2012. Alors que personne ne s’attendait à un tel dénouement du scrutin, d’autant plus que l’ex secrétaire du parti Socialiste, décrié par ses propres amis comme un homme sans expérience, et de surcroît sans caractère, n’était plus ou moins qu’un homme d’appareil , rompu à colmater par synthèse les guéguerres internes de son parti.Comment un tel homme aurait pu diriger un pays aussi sujet à la controverse que la France ?
Par Coulibaly Sidy
Et pourtant, le hasard faisant bien les choses, l’éclipse totale d’un certain Dominique Strauss Khan, englué dans une affaire rocambolesque, aurait permis à Flamby, ( sobriquet moqueur donné par ses amis du parti) , à remporter les primaires. A partir de ce moment, plus rien ne pouvait empêcher un François Hollande galvanisé et métamorphosé, de remporter la victoire face à son adversaire , devenant ainsi le septième président de la Cinquième République et le deuxième socialiste élu à la magistrature suprême comme son illustre prédécesseur Mitterrand. Un autre François. Quelle ironie du sort !
L’homme cousu de diplômes de toutes les grandes écoles des élites françaises, est obsédé par la chose économique et la fiscalité. C’est dire que le président Hollande est incontestablement une belle mécanique intellectuelle. Sans doute c’est peut être une des raisons qui suscita plus d’espoir chez les Français, convaincus qu’il saura opérer un tournant sur le plan macroéconomique dans un marasme où la reprise semblait compromise.
Malheureusement, c’était sans compter avec l’héritage de la crise systémique financière et la gestion calamiteuse de l’économie française par le gouvernement précédent. A cela s’ajoute l’absence de collaboration de la chancelière allemande sur la mutualisation des dettes souveraines et son dumping salarial dans un contexte d’Euro surévalué, compliquant une situation qui était déjà suffisamment grave.
Par ailleurs, la mesure d’indexation de l’impôt sur l’inflation prise par le gouvernement Sarkozy, a augmenté le nombre de contribuables français. Le Gouvernement socialiste une fois aux commandes et privé de marge de manœuvre, a laissé pérenniser cette mesure alors qu’initialement, il prévoyait un ajustement structurel fiscal qui devrait, pour des raisons d’équité et de justice sociale, alléger les impôts pour les plus vulnérables et les rendre conséquents pour les plus riches.
IL faut noter que cette indexation de l’impôt sur l’inflation, a eu pour conséquence un niveau incommensurable de prélèvement obligatoire de 60 Milliards, sur la période 2012-2013, ponctionnés a la fois par la droite et la gauche. Comment dans un contexte d’endettement explosif de 1833,8Milliards d’euros, la France aurait-elle pu ramener le déficit budgétaire à 3% sur injonction de Bruxelles ? En dépit de la bonne foi du gouvernement socialiste, cette dette selon les experts risque de frôler les 2000 Milliards d’euros soit 90.2% du P.I.B. annuel excédent largement le ratio de soutenabilité qui est de 60% du P.I.B global.
Combien ma surprise fut grande d’apprendre dans une chronique faite par un éminent fiscaliste, en l’occurrence Fabrice coleto, qu’il existerait 214 sortes d’impôts différents en France. Consterné certes, mais pas renversé car un économiste disait en boutade que si la France a toujours conservé la confiance des marchés financiers et des institutions (F.M.I.ET BANQUE MONDIALE.), c’était grâce à sa grande fertilité d’imagination à inventer de nouvelles taxes.
IL n’est point besoin de vous amener à prospecter en détail ce labyrinthe fiscal qui donne le tournis. Je ne prétends pas dénoncer une politique fiscale sachant que je ne suis pas un expert avéré en la matière. DE plus. En 2009, Le magazine Forbes, dans son indice de la misère fiscale, affirmait que la France était le pays le plus taxé au monde ; même les chinois communistes étaient moins imposés que les Français.
Le maintient du barème de l’impôt sur le revenu indexé sur l’inflation a entrainé une hausse de 2% et avec le capital soumis au même titre que le travail, ont accru le nombre de foyer fiscal de 27 million de ménages à 30,3 millions de ménages y compris les retraités mis à contribution.
Cette politique de taxation à outrance, se traduit par le fait que le Français moyen travaille la moitié de l’année pour payer ses impôts ; 56,5% de ses revenus alimentent les caisses de l’État. D’ailleurs, François Mitterrand dans une formule choc disait dans les années 80 et 90, que trop d’impôts tuent l’impôt sans toutefois entrer dans les détails, il estimait que son gouvernement doit trouver une solution pour baisser les P.O.( prélèvements obligatoires)
Pour l’heure, Il est évident que l’accumulation des niches rend illisible le système tel qu’il est conçu d’où l’urgence d’une reforme de grande ampleur pour élaguer cette jungle fiscale. La reforme n’aura de sens que si véritablement elle prive la pieuvre de ses tentacules qui étranglent les contribuables, en amplifiant la progressivité du système dans un esprit de justice et d’équité.
Hollande en a-t-il les moyens dans un contexte de crise où les entreprises sont aux abois avec un chômage à 3,296 million soit 10% de la population qui n’amorce pas de décru ? En tout cas, les Français n’y croient pas dans la mesure où toute réforme signifie pour eux un renchérissement des taxes.
Les déficits budgétaires et des comptes sociaux, la dette extérieure, le déséquilibre chronique des échanges extérieurs, La hausse vertigineuse du chômage, la perte de compétitivité des entreprises dues à un euro surévalué, concourent à alourdir un climat social morose. L’épisode de l’écotaxe, de l’équitaxe (en parlant de la corporation française de l’équitation) et le mouvement des céréaliers, présagent une cascade d’échecs en perspective, pour les élections majeurs à venir en particulier, les municipales et le européennes.
A ce jour, toutes les enquêtes d’opinion créditent le chef de l’État d’une popularité en déclin. Son premier ministre ne fait guère mieux ; lui qui devrait être un rempart de protection du chef de l’ETAT.
La question qui m’interpelle et qui me tourmente est: Comment un président fiscalement doué et économiquement éminent, se laisse t-il inféoder par le pouvoir financier qu’il pourfendait pendant la campagne comme étant son ennemi ? Comment a-t-il pu s’accommoder des recommandations de la commission de Bruxelles qui ne trouve toujours pas suffisantes les reformes initiées par son gouvernement surtout en matière de retraite ? Enfin comment réduire une dette astronomique avec une croissance d’à peine 0,4% ? Alors qu’il faut en moyenne une croissance de 2% par an pour espérer voir décroitre la dette.
Bref, la baisse de l’indice de notation de la France d’AA+ a AA par l’agence Standard and Poors ne semble pas entamer la confiance que la France inspire aux marchés financiers et la commission de Bruxelles. Par ailleurs, L.OCDE ET LE FMI prévoient une reprise. La croissance attendue serait de 0,4% la décision inattendue de la BCE de baisser son taux directeur 0,25% est justifiée face à la faiblesse de l’inflation ce qui permettra a l’euro de gagner 1point de compétitivité face au Dollar ; Mieux, l’instauration d’un smic en Allemagne résoudra le dumping salarial qui constituait un sérieux motif de désaccord entre Français et Allemands. Voila de quoi apporter de l’eau au moulin de M .Hollande qui espère voir le chômage reculer en fin d’année.
En revanche, le chemin de Damas sera long très long Hollande et son gouvernement doivent porter la croix jusqu’au sommet avec espoir que cela ne se transforme en épreuve de Sisyphe. Manifestement, 2014 sera une année très difficile pour la France. La réforme fiscale, même si elle acquiert l’assentiment unanime des Français, ne produira pas sitôt ses effets. La seule chose me semble t-il qui peut sauver le Soldat Hollande c’est de s’affranchir des doctrines ultra libérales de la technocratie Bruxelloise en assumant la rupture avec cette politique d’austérité budgétaire et de paupérisation massive des français.
On n’aura jamais dit assez que la croissance est bel et bien le fruit de la consommation. Pas de pouvoir d’achat ,pas de consommation naturellement. Comment obtenir le moyen de consommer si on est en masse frappé de licenciement ? Aussi vrai que les Français sont de gros épargnants, aucune famille face à un lendemain incertain ne prendra le risque inouï de débloquer son épargne.
Pour preuve même la mesure symbolique prise par le gouvernement de faciliter l’accès des salariés a leur participation dans les entreprises, n’a pas eu d’effet escompté dès lors, que c’est les plus démunis qui se sont rués pou retirer les leurs afin d’arrondir les fins de moi.
Dans cette situation, si l’élection présidentielle devrait avoir lieu très prochainement, François hollande perdrait la partie. Mais, à 3ans et demi de l’échéance, on peut espérer qu’il aura redoré son blason pour rempiler. Sa grande chance réside dans une Droite mal en point qui se cherche dans ses divisions internes, sans avoir un leadership confirmé. Au regard de ce constat, L’UMP n’offre aucune alternative crédible, d’où le regain de popularité du Front National qui plus est, décomplexé se prend pour être le premier parti de l’opposition en France.
Le spectre de 1995 plane sur la France d’aujourd’hui. Marine Le Pen n’est plus diabolisée comme le fut son père par le passé ; un danger en perspective, qui rappelle le cas de Jospin éliminé avec un excellent bilan socio économique au 1er tour des élections présidentielles, par le père Jean Marie Le Pen. L’impossible n’est pas français a-t-on l’habitude de dire quand il s’agit d’innover insidieusement la xénophobie..
Pourvu que cela ne se traduise pas dans les bêtises humaines du genre de l’attaque raciste du Ministre, garde des seaux, comme si être noir serait un péché d’Israël. Les non dits biaisés sur la minorité visible, ont toujours été légion dans les discours de certains hommes politiques français en périodes de difficultés socio économique. Cela relève d’un épiphénomène sauf que la banalisation excessive a conduit à prendre des mesures législatives appropriées. Voilà une remarque qui me fait dire que la France n’est pas prête de s’inscrire dans un processus d’évolution des mentalités à fortiori, espérer voir élire un noir à la magistrature suprême à l’instar des États Unis.