20 000 tonnes de sucre produites par la Compagnie sucrière sénégalaise n’arrivent pas à être écoulées depuis deux mois, selon le groupe Mimran, en monopole de production depuis 1970. Ce stock qui représente 90% de la production de l’unité industrielle pour cette période rencontre une concurrence illégale du sucre importé, notamment du sucre destiné au Mali qui se serait retrouvé dans le marché sénégalais. Le préjudice subi est estimé à 7,5 milliards de FCFA.
En filigrane, le groupe du milliardaire Jean Claude Mimran voudrait que l’Etat sénégalais restreigne la délivrance des “des Droits d’importation des produits alimentaires (Dipa)”. Notons que le 8 décembre dernier, Alioune Sarr, ministre sénégalais du Commerce, de l’Entreprenariat et du Secteur informel avait déclaré que le gouvernement sénégalais va réguler les importations du sucre. Loin de partager totalement l’inquiétude de la CSS, le ministre avait estimé que “les importations de sucre en 2013 ont été opérées seulement entre août et novembre. La plupart des marchandises ont été écoulées”.
Rappelons que la CSS demande à l’Etat sénégalais l’octroi de 1 500 hectares de terres pour assurer l’autosuffisance en sucre. Le dossier, actuellement à l’étude, ne remporte pas une grande adhésion auprès des populations sénégalaises et des parlementaires. Ce programme d’extension, baptisé KT 150 compte porter la production de sucre de 100 000 à 150 000 tonnes par an. Investissement projeté : 90 milliards de FCFA soit 137 millions d’euros.
Pour rappel, Jean Claude Mimran est un français, résidant à Berne en Suisse, avec une fortune estimée à 1,6 milliard d’eurois soit la 30e de France. L’homme d’affaires qui a repris l’Usine de Richard Toll en 1975 soit cinq ans après le décès de son père, Jacques Mimran, fondateur de l’Usine en 1970 sur demande du président Leopold Sedar Senghors, cultive la discrétion. Autant dire un voeu pieu quand on est le premier employeur au Sénégal (6000 ouvriers dont une bonne moitié de saisonniers), qu’on contrôle les grands Moulins de Dakar et qu’on se développe en Côte d’Ivoire dans les minoteries, le riz et la production d’énergie. Si la presse française le présente comme un exilé fiscal en raison de sa résidence, M.Mimran présente la CSS comme un groupe “fiscalement civique”.