Les nuages s’amoncellent sur le cimentier East Africa Portland Cement Company (EAPC) suite à sa très controversée assemblée générale de mardi. Une AG qui a vu les représentants de l’Etat kényan (actionnaire majoritaire au travers des participations détenues par le Trésor et le Fonds national de Sécurité Sociale, NSSF) s’opposer frontalement à la direction de l’entreprise, et qui s’est interrompue dans le chaos.
En conséquence, le régulateur financier kényan (Capital Markets Authority, CMA) a confirmé hier l’ouverture d’une enquête, après avoir reçu la plainte conjointement déposée par les deux entités étatiques. L’enjeu est il est vrai de taille : le Trésor et le NSSF accusent tout bonnement le management en place d’avoir falsifié les comptes pour les rendre plus présentables (1,77 milliards de shillings [20,58 millions de $] de résultat annuel au 30 juin 2013 selon le rapport annuel de EAPC). Une accusation grave portée par le représentant du gouvernement en personne, Wilson Songa, qui a affirmé lors de l’assemblée générale que, bien loin du bénéfice évoqué par la direction d’EAPC, la compagnie était « dans le rouge » avec une perte estimée à «… 500 millions de shillings [5,81 millions de $] ». « Des propos sans fondement », selon Ole Karbolo (photo), le PDG de l’entreprise, qui a pour sa part parlé « d’une énième tentative du gouvernement de venir interférer avec les décisions prises par l’équipe dirigeante ». Une équipe dirigeante qui est du reste accusée de ne pas avoir autorisée le vote des résolutions au cours de l’AG, notamment celle portant sur la proposition de versement du dividende annuel (0,75 shilling par action). Cité aujourd’hui dans les médias locaux au sujet de cette affaire, Paul Muthaura, le directeur par intérim de la CMA à qui revient la responsabilité de régler ce litige, s’est pour sa part contenté d’indiquer que « le cas est en cours de traitement et (que) nous (CMA) sommes en contact avec les principales parties prenantes ».