Retour à la réalité. Largement épargnées depuis 2008, les économies du sud ont fini par être rattrapées par la crise financière cette année. Et même si l’Afrique se distingue encore, avec une forte croissance du PIB attendue entre 5% et 6%, cette année ainsi qu’en 2014, le continent ne doit pas se croire intouchable et hors des lois de la raison.
Il doit, au contraire, s’adapter à ce nouveau contexte qui a fait entrer les pays émergents dans le rang, mettant à mal l’idée de leur indépendance -leur découplage- à l’égard des économies développées et leur rappelant aussi la nécessité d’évoluer vers des modèles de croissance qui les rendent moins tributaires des exportations.
Cet atterrissage des pays du sud a débuté le 22 mai dernier, après l’évocation par le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, d’un ralentissement possible des injections de liquidités par la banque centrale américaine. Ce qui a déclenché un mouvement massif de retrait de capitaux ainsi qu’une remontée du dollar et des taux obligataires, déstabilisant certains des principaux marchés émergents.
D’après Edmond de Rothschild Asset Management, la performance, calculée en euro, des marchés actions émergents a chuté de 7,7% entre le début et la fin de l’année. Le recul s’établit à 10,4% pour l’Inde et dépasse les 30% pour le Brésil.
Les pays les plus dépendants des financements extérieurs comme l’Indonésie, l’Inde, la Turquie, l’Afrique du Sud et le Brésil ont été particulièrement affectés. Le reflux d’argent en provenance d’autres région du monde à fait imploser les monnaies de ces pays, dont la valeur à dégringoler de 25%. Et ce n’est sans doute pas fini. Les devises et les actifs financiers de ces pays en particuliers et des émergents en général risquent de continuer à souffrir avec la réduction tout au long de l’année prochaine des achats d’actifs par la Fed.
Les économies d’Afrique seront forcément touchées, comme toutes celles des pays en développement dans le monde. Mais le continent dispose d’une carte maîtresse que n’ont plus ses homologues d’autres pays émergents : son pouvoir d’attraction.
L’ex-patron de la banque britannique Barclays, l’Américain Bob Diamond vient d’en apporter une nouvelle preuve. Il vient de lever 325 millions de dollars pour financer des projets bancaires en Afrique, soit bien plus que les 250 millions qu’il avait initialement prévu.
Ces fonds, seront logés dans une coquille vide côté à la Bourse de Londres depuis le 20 décembre 2013 et baptisée Atlas Mara. Tombé à cause du scandale du Libor à l’été 2012, l’Américain s’est justifié en expliquant que le continent, en plein boom économique, compte plusieurs régions sous-bancarisées.
Bob Diamond ne se lance pas au hasard dans son projet d’acheter une banque africaine. Il s’est associé au jeune milliardaire africain de 32 ans, Ashish Thakkar. Ils misent chacun 20 millions de dollars à titre personnel dans l’aventure. Le conseil d’Atlas Mara compte par ailleurs Tonye Cole, un magnat nigérian du pétrole, et Rachel Robbins, ancienne vice-présidente de la Société financière internationale (groupe Banque mondiale). Quant au président du groupe, ce sera tout simplement Arnold Ekpe, l’ancien patron d’Ecobank. La coquille vide Atlas Mara a toutes les chances de faire rapidement parler d’elle. Et confirmer l’intérêt croissant du continent pour les investisseurs internationaux.