Le comité national interprofessionnel de l’arachide a fixé le prix du kilo à 200 francs CFA (30 centimes d‘euros), en augmentation de 5% par rapport à l’an dernier. Un tarif contesté par les fabricants d’huile et les transformateurs qui invoquent une baisse des cours mondiaux de l’huile d’arachide de plus de 30% déjà cette année.La Suneor, leader du secteur, fait état de 20 000 tonnes de stock d’huile non vendues selon son directeur général, Thiendiaté Bouyo Ndao, cité par la presse sénégalaise.
Fort d’un millier d’emplois, le producteur souhaite des subventions publiques. « C’est trop demander » selon le ministre sénégalais de l’Agriculture qui rappelle que l’Etat subventionne déjà les semences, les engrais et le matériel agricole.
Une privatisation destructrice de valeur?
L’ex Lesieur Afrique est nationalisé en septembre 1975 pour devenir la SONACOS (Socièté nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal). En mars 2005, la SONACOS est privatisée au profit d’un consortium conduit par le groupe Advens. Le premier janvier 2007, la nouvelle entité devient Suneor (Notre or en Wolof), leader mondial d’exploitation d’huile d’arachide et de tourteaux d’arachides avec 200 000 tonnes triturées en 2007 et environ 4 millions paysans en amont du secteur.
Au lieu de la renforcer, la privatisation semble plutôt avoir appauvri la Sonacos qui invoque tantôt l’insuffisance de la matière première (la saison dernière, demandant à l’Etat d’interdire les exportations de l’arachide) tantôt son incapacité à s’approvisionner au cours d’équilibre fixé par un comité conjoint.
La société fonde aussi son argumentaire sur le le gel des prix décidé par l’Etat sénégalais en 2010 dans un contexte, indiquaient ses dirigeants, de hausse des cours mondiaux. Ce contexte semble révolu puisque c’est la même Sonacos qui se base aujourd’hui sur la baisse des cours mondiaux pour exiger la baisse du kilo d’arachide de 200 à 130 FCFA.
Après s’en être pris aux importateurs chinois d’arachides (accusés de spéculer), aux huiles de palme en provenance de Côte d’Ivoire, à l’arrêté ministériel gelant les prix , l’ex Sonacos mettra-t-elle enfin le doigt sur la plaie? La vétusté des machineries, l’absence d’investissements conséquents de la part des repreneurs sont des paramètres à prendre en considération dans le marasme que vit « Notre Or ». Les pertes accumulées depuis la privatisation approchent 50 milliards de FCFA. D’où la réticence du système bancaire sénégalais (BICIS et Crédit Agricole), déjà fortement exposé, à accompagner l’entreprise. Selon les informations, l’entreprise voudrait bien fermer son activité de raffinage.