Le départ de Laure Olga Gondjout du secrétariat général de la présidence renforce à priori les pouvoirs de Maixent Accrombessi. La hiérarchie est -elle désormais claire entre les collaborateurs du président Ali Bongo?
La nouvelle est tombée le 16 janvier 2014. Laure Olga Gondjout, secrétaire général de la présidence gabonaise, est remplacée par Etienne Massard Kabinda Makaga, jusque-là conseiller spécial en charge de l’Environnement. Ce réajustement non expliqué marque le départ de l’un des bastions de l’ère Omar Bongo. Laure Olga Gondjout, désormais médiateur de la république, était souvent opposée par les observateurs à un certain Maixent Accrombessi, directeur de cabinet du président Ali Bongo et cible favorite d’une partie de la presse gabonaise.
La fréquente évocation des origines béninoises de M. Accrombessi (un journal l’a traité de chef de la légion étrangère d’Ali Bongo. Un collectif a adressé, courant 2012, une lettre au président béninois se plaignant des agissements de son «compatriote» dans la politique intérieure du Gabon) est la preuve que l’intégration africaine n’est pas pour demain.
Le même Front national africain qui doutait hier de la nationalité ivoirienne du président Alassane Ouattara rejette aujourd’hui celle, gabonaise, de Maixent Accrombessi. Un peu comme si Rama Yade, sous prétexte d’être originaire du Sénégal, se voyait priée par Marine Le Pen de quitter la France.
Et quand ce n’est pas la non appartenance d’Accrombessi à l’autochtonie gabonaise qui est évoquée, c’est son ascension jugée trop rapide qui est fustigée par ceux là qui ont érigé la pureté des origines et l’immobilisme en principes de vie.
Secondé par l’avocat Serge Abessolé et le relationnel Liban Soleman, Maixent Accrombessi est un animal à sang froid. «Impossible de lui enlever un commentaire bienveillant ou malveillant sur telle ou telle personnalité», rappelle un habitué des arcanes du Palais qui voit en cet homme à l’allure altière «le code secret » du Palais du bord de mer. «Sa non appartenance à un clan, sa franchise et sa constance lui valent la confiance du président. Cela crée, forcément, des animosités», tranche notre interlocuteur qui rappelle que le dircab collaborait déjà avec Ali Bongo du temps où celui-ci officiait au ministère de la Défense. De cette époque là, Accrombessi a gardé un intérêt particulier pour les questions de sécurité-défense, mais aussi de l’Economie et des Finances.
Détenteur d’un DEA en économie appliquée et d’un DESS en développement économique et social, Maixent Accrombessi cultive le même emploi de temps depuis 15 ans: 18 heures de travail en moyenne par jour et une analyse des dossiers chauds souvent entre deux sandwich. C’est dire qu’entre cet homme silencieux et fin observateur et Laure Gondjout, sécrètaire générale de la présidence, la différence ne tenait pas seulement au style.
Les deux avaient la confiance du président. Mais alors que Mme Gondjout s’interdisait de franchir les limites de son pré-carré, la communication, Maixent Accrombessi ne montre aucun attachement particulier à un dossier. Sa principale mission est de coordonner le cabinet de manière à obtenir des actions harmonisées et à éviter les fausses notes. Une fréquentation assidue de l’ancien ministre gabonais de l’intérieur, André Mba Obame et d’autres personnalités comme Guy Bertrand Mapangou, ancien porte-parole de la présidence, l’ont aidé à comprendre la psychologie du gabonais et du bantou en général dans son rapport avec le pouvoir.
A l’instar de tous les pays africains, le Gabon dispose d’une élite peu versée aux joutes idéologiques mais sachant bien négocier positions et postures en vue du partage des prébendes du pouvoir. «Ce sont les résultats qui comptent » a déclaré le président Ali Bongo presque en pointant du doigt cette élite-là, attachée à l’ancien mode de partage du pouvoir et peu receptif au concept de l’émergence. L’éviction de Laure Gondjout renforce sauf surprise l’influence d’Accrombessi. Au moins jusqu’à ce que Etienne Massard Kabinda Makaga prenne ses repères.