Vivrons-nous mieux en 2050 ?
Croissance, émergence, consommation, classe moyenne,… la plupart des économistes dessinent un scénario très optimiste pour les pays du sud dans les 30 ans à venir. Surpopulation, famine, épuisement des ressources,… rétorquent les plus pessimistes.
Par Jean-Michel Meyer
Les habitants des pays émergents vivront-ils vraiment mieux en 2050 ? Bjorn Lomborg, le directeur du Copenhaguen Consensus Center – un projet lancé en 2004 qui cherche à établir les priorités pour faire avancer le bien être de l’humanité -, a tenté de répondre à cette question en mobilisant 21 économistes parmi les plus éminents du monde.
Ils ont développé un tableau de bord couvrant 150 années. L’idée était de mesurer les impacts des 10 problématiques les importantes du monde : santé, éducation, pollution atmosphérique, changement climatique,.., les traitant sur un pied d’égalité.
« Sans pour autant relativiser outre mesure les problèmes auxquels le monde reste confronté actuellement, et notamment dans les pays en voie de développement, on peut en conclure dans l’ensemble que nous pouvons cesser de paniquer. Dans l’ensemble, les choses vont s’améliorer », assure Bjorn Lomborg.
Sans verser dans un optimisme béat, l’étude porte également sur les défis les plus importants qui attendent les pays du sud pour connaître un meilleur. Selon le Copenhaguen Consensus Center, ce n’est pas tant que le réchauffement climatique que la pollution domestique qui sera la plus grande problématique environnementale dans le monde. Cette derniière est à l’origine de deux fois plus de décès que toutes les guerres du 20ème siècle réunies, soit 260 millions de décès.
Les pollutions domestiques concernent en grande majorité les populations des pays en voie de développement qui utilisent du bois et du fumier pour cuire leurs aliments et se chauffer. Ce type de pollution tue encore 3 millions de personnes par an à l’heure actuelle, mais son impact diminue largement avec l’usage de combustibles plus propres et de la réduction globale de la pauvreté. Son coût par rapport au PIB mondial est tombé à 6% actuellement (23% en 1900), et il descendra à 4% en 2050.
De manière surprenante, en revanche, l’institut danois affirme que le changement climatique va engendrer un bénéfice net jusqu’en 2050. Un niveau élevé du CO2 a des effets fertilisants, phénomène positif sur l’agriculture. Mais cette tendance s’inversera avec l’augmentation des températures vers 2070, où le réchauffement climatique engendrera un coût net positif.
Au plan humain, si l’analphabétisme touche encore 20% de la population mondiale, il recule. Selon le Copenhaguen Consensus Center, l’analphabétisme coûte 7% du PIB mondial et ce coût ne sera plus que de 3,8% d’ici à 2050.
Quant à l’éducation, elle joue un rôle très important dans l’économie mondiale dans la mesure les connaissances acquises durant la scolarité mènent à une meilleure productivité et par conséquent, à des salaires plus élevés. Le Pakistan et la Corée du sud avaient, par exemple, le même niveau d’éducation et de salaires en 1950. Aujourd’hui, les coréens bénéficient en moyenne de 12 années d’enseignement, tandis que cette moyenne n’atteint même pas 6 années pour les Pakistanais. Depuis 1950, le salaire moyen par habitant a été multiplié par 23 en Corée, contre seulement 3 fois au Pakistan.
En matière de santé, l’institut affirme que l’humanité a réalisé de grands progrès. En termes économiques, le coût des problèmes de santé avoisinait les 32% du PIB mondial au début du 20e siècle. Ce chiffre est descendu à 11% aujourd’hui, et il se réduira à 5% en 2050. « Les avancées en matière de santé sont tellement rapides que pour chaque mois que vous vivez, la science médicale ajoute une semaine de plus à votre espérance de vie », insiste Bjorn Lomborg.
Sans surprise : les conflits armés coûtent très cher. Tous ceux du 20e siècle ont coûté en moyenne près de 5% du PIB mondial par an. Aujourd’hui, ce coût est tombé à 1,7%. Les prévisions des plus pessimistes ne montrent qu’une légère hausse à 1,8% vers 2050, tandis que les plus optimistes entrevoient une légère baisse à 1,6%. Une raison d’espérer ?
Jean-Michel Meyer
Un commentaire
D’énormes efforts et recherches devront être faits pour ralentir les pollutions, c’est une course contre la montre qui s’engage