Jour j-1: pourquoi les sud-africains veulent la démission de Thierry Tanoh
A quelques heures de l’ouverture de l’assemblée générale extraordinaire d’Ecobank, le fonds de pension sud-africain PIC, qui gère 150 milliards de dollars d’actifs, est passé à la vitesse supérieure pour pousser le directeur général, Thierry Tanoh, à la démission. L’objectif est d’obtenir la tête du CEO avant l’AGE convoquée ce 3 mars 2014 pour la mise en place de nouvelles règles de gouvernance et la validation d’un conseil restreint de 7 membres.
Adama Wade
Dans une lettre d’une rare violence dont Financial Afrik a copie, le fonds accuse le manager ivoirien de ne pas pouvoir « techniquement et moralement » diriger la banque. Envoyée à la veille de l’AGE, cette lettre insiste sur le départ du successeur d’Arnold Ekpé. « Autrement, c’est la mort de la banque et du rêve panafricain », y lit-on.
Premier actionnaire d’Ecobank avec 18, 95%, l’institutionnel sud-africain est soutenu dans sa requête par 7 des 12 administrateurs. Ceux-ci voulaient destituer M. Tanoh avant le 3 mars mais leur convocation à une assemblée générale qui devait se tenir le 27 février a été jugée nulle et non avenue par la justice togolaise intervenue sur le dossier suite à une plainte d’un actionnaire de la banque.
Depuis ce semi-échec, PIC tente de déplacer le débat du 3 mars en mettant l’accent sur l’incapacité du directeur général à lever des fonds et en tirant la sonnette d’alarme sur des retraits records. Pas moins de 150 millions de dollars ont été retirés en une seule semaine du mois de février, s’alarme Financial Times dont l’un des correspondants est devenu, quasiment, la cellule de communication externe de certaines parties liées à cette affaire.
Les raisons qui poussent le fonds sud-africain à vouloir obtenir la tête de M.Tanoh « out of the door » sont d’abord stratégiques: Le manager ivoirien est opposé à la prise de contrôle d’Ecobank par Nedbank, banque sud-africaine qui entend convertir son prêt de 250 millions de dollars accordé à Ecobank d’ici le mois de novembre.
Le maintien de Tanoh compliquerait la tâche au repreneur qui redoute le réveil des institutionnels de la CEDEAO (BCEAO, BOAD, BSIC), voire des leaders politiques de la CEDEAO lesquels, bien qu’en retrait en ce moment, pourraient bien rallier le discours de M.Tanoh et empêcher l’Afrique du Sud de contrôler la première banque de la région. La CEDEAO qui veut se doter d’une monnaie unique en 2020 a besoin d’une banque forte et autochtone pour accompagner les commerçants et les opérateurs économiques. La prise de contrôle de Nedbank pourrait à tout le moins changer cette vocation.
L’autre raison qui pousse le fonds PIC, signataire d’une clause de non prise de contrôle, à démettre Tanoh loin de la salle du conseil où tous les documents produits seront enregistrés, toutes les paroles transcrites, c’est de l’empêcher de revenir sur le volume II du rapport Ernest and Young. Un brûlot sur la gestion passée de la banque qui pourrait compromettre certains administrateurs appelant au départ de Thierry Tanoh et, au passage, entacher le bilan élogieux de l’ancien CEO, Arnold Ekpé. Celui-ci est concerné en de nombreux points de ce rapport, y compris sur l’acquisition de certains actifs parfois en dehors de l’approbation du conseil d’administration ou avec une approbation de celui-ci obtenue à postériori.
Pourquoi ce rapport Ernest and Young connu des administrateurs sud-africains d’Ecobank, de la directrice générale de la Security Exchange and Commission (SEC) du Nigeria, du représentant d’AMCON au sein du conseil d’administration n’est pas dévoilé à l’attention des actionnaires? Qui cherche-t-on à protéger?
Le rapport met en évidence la faiblesse du conseil d’administration et s’interroge sur les liens de certains de ces membres avec des transactions conclues à la hussarde. Il est clair que le fonds nigérian AMCON, actionnaire à hauteur de 8%, et qui a « généreusement » vendu un immeuble à Ecobank pour 80 millions de dollars (en sus de 6 millions de dollars de commissions), ne souhaite pas que ce volume II du rapport E.Y soit débattu en salle. Il est tout aussi clair que la SEC destinataire du rapport qu’elle ne veut pas publier, ne tient pas à être interrogée sur ses responsabilités, notamment sur les feux verts accordés à l’ancien CEO d’Ecobank dans certaines transactions (dont l’achat d’Oceanic Bank). Notons que les investissements de Nedbank et de PIC ont été signés par Arnold Ekpé durant sa toute dernière année , alors qu’il était en période de préavis.
4 commentaires
Est-ce moi qui n’entends pas le bruit des bottes de l’Autorité monétaire de contrôle ou bien préfère t-elle s’emmurer dans le silence le temps que l’orage passe (je garde le silence pour que l’on ne puisse pas m’écouter) ?
Comment peut-on laisser ce feuilleton médiatico-bancaire se poursuivre avec son lot de révélations quotidiennes et son relent anxiogène ? Je dis et répète : l’argent a horreur du bruit !
Les prochaines heures pourraient être décisives pour la banque panafricaine, et par ricochet pour le secteur bancaire en Afrique. Pourvu que la sagesse l’emporte sur la rancœur !
Je dis et répète: L’Afrique a besoin de Ecobank pour se construire et Ecobank a besoin de l’Afrique pour se développer ». Wa salam !
Cissé , votre questionnement est normale vu l’évolution des choses mais, mieux encore c’est parque vous avez rien compris jusqu’à présent et vous ne comprendrez plus alors, Silence le metteur en scène et les véritables acteurs d’ecobank sont entrain de tourner leur film qui comporte plusieurs épisode ; de grâce « taisez vous et à jamais ! » et soyez humble vos prétention de connaitre se qui se joue ne sont pas avéré ni certifier par le déroulement de cette affaires ont démesurer vous n’êtes pas banquier mais simplement employé ou cadre de banque.
Pouvez-vous avoir raison sur tous les observateurs silencieux de cette affaire ?Je ne le crois pas …Nous avons écumé toute la presse sur ce feuilleton et nous constatons que vous avez été le plus bavard et le plus subjectif des soit disant connaisseurs. Un banquier n’est jamais bavard et en toute situation il fait preuve d’une obligation de réserve ce qui n’est pas votre cas .vous avez peur de quoi ?que cherchez vous ?
Manno a essayer de vous recadrer et vous a dit que vous êtes de la » vielle école » mais vous persister à faire croire que vous maitriser la situation. J’y ajouterai que vous êtes en retard de 5 guerre par rapport à Ecobank.et la 6iemme sera celle de cette Ag du 3 mars 2014.
Vous n’avez aucune leçon à donner à qui que ce soit ! Ceux qui en savent un peu nous parle de l’essentiel pour nous informer. Or, toi depuis des mois tu ne cesse de nous raconter des balivernes .tu es un imposteur tu étale ta confiture pour nous monter que tu as un grand pot.
Wait and See mon cher expert …!
Si le bateau Ecobank est entrain de tanguer c’est l’ affaire de son commandant, de ses employés, de ses administrateurs et de ses actionnaires qui depuis 8 mois sont dans la panique ou l inquiétude.
le résultat de l Ag du 03 mars n a pas fini de révéler que vous etes en retard de 05 gures et que vos préoccupations sont ailleurs comme la si bien dit Kouakou avec qui je partage certaines de ces idées…
pour comprendre cette affaire de gouvernance et de crise de croissance il n’y a qu’a lire la presse anglaise et française. pourquoi voulez vous complexifier la chose pour être le seul gourou capable de le dénouer ?
André Siaka dit dans une interview à GEORGES ALAIN BOYOMO ET ARISTIDE EKAMB le vendredi 28 février disait « une assemblée générale extraordinaire aura lieu le 3 mars prochain. Elle va être décisive dans l’atteinte des objectifs visés pour ramener la sérénité au sein du groupe. Parmi les mesures attendues, il y a le plan d’amélioration de la gouvernance et la restructuration du conseil d’administration. Ce dernier point vise la mise en place d’une équipe restreinte de 5 à 7 membres pour la période transitoire jusqu’à la prochaine assemblée générale prévue en juin prochain. » avant d’ajouter « J’ai été nommé en octobre 2013 pour conduire une mission qui comportait 2 volets, à savoir la conduite des audits et la recherche d’un nouveau Président. Et je vous ai dit qu’un profil précis ‘a été défini par l’IMD de Lausanne. C’est à partir de ce profil que nous allons étudier les candidatures des potentiels présidents. »
le Dr Babatunde Ajibade, qui a démissionné du Conseil d’Ecobank le 6 février dernier, confirme la version de Thierry Tanoh dans un courrier adressé au Président par intérim André Siaka, dont l’agence Ecofin a obtenu copie : « Il est devenu clair, le 5 aout 2013, lorsque le CEO actuel a alerté le Conseil d’administration concernant des événements intervenus avant qu’il ne rejoigne le groupe, et que les enquêtes et les audits sont en train de confirmer, que l’institution souffrait malheureusement d’une tradition de mauvaise gestion et que des faits avaient été délibérément et soigneusement dissimulés au Conseil d’administration ». et dajouter « « Nous sommes également en train de revoir les rapports KPMG et Ernst & Young à propos des transactions effectuées dans le passé, et cela crée aussi quelques soucis chez des personnes qui auraient été concernées par certaines de ces transactions ».
Adama Wade dit dans un article dans ce site » Les raisons qui poussent le fonds sud-africain à vouloir obtenir la tête de M.Tanoh “out of the door” sont d’abord stratégiques: Le manager ivoirien est opposé à la prise de contrôle d’Ecobank par Nedbank, banque sud-africaine qui entend convertir son prêt de 250 millions de dollars accordé à Ecobank d’ici le mois de novembre.Le maintien de Tanoh compliquerait la tâche au repreneur qui redoute le réveil des institutionnels de la CEDEAO (BCEAO, BOAD, BSIC), voire des leaders politiques de la CEDEAO lesquels, bien qu’en retrait en ce moment, pourraient bien rallier le discours de M.Tanoh et empêcher l’Afrique du Sud de contrôler la première banque de la région.
les analystes DaMina Advisors LLP ont estime par, ailleurs, que l’actuel directeur général d’Ecobank, Thierry Tanoh, dont le départ a été réclamé le 11 février par quatre administrateurs exécutifs du groupe bancaire panafricain, semble contraint à rendre le tablier. «Une tentative de Thierry Tanoh de pousser vers la sortie les administrateurs exécutifs mécontents se traduira par un long bras de fer. S’il décide de se cramponner à son poste, M. Tanoh, qui a déjà perdu le soutien de l’ensemble du comité de direction, sera déboulonné par les actionnaires lors de l’Assemblée générale extraordinaire. Il n’a désormais aucune option raisonnable à part une démission dans les plus brefs délais».Selon DaMina Advisors LLP, le départ de Thierry Tanoh risque, cependant, d’aboutir à un changement majeur au niveau de la stratégie du groupe bancaire présent dans 35 pays africains. «Un nouveau directeur général pourrait choisir de céder les actifs non rentables en Afrique de l’Est et en Afrique australe pour se concentrer sur le marché nigérian».
Mr cissé avec tout le respect que l’on vous doit, êtes vous plus capables que ces acteurs et analyste qui ont dit ce qu’ils en savent le plus simplement possible ?
Arrêtez vous sur les faits en les commentant ou en les analysants comme l’ont fait tous ce qui ont été cité dans ce billet pour donner la sérénité aux milliers de petits épargnants sans lesquelles ont aurait jamais vu ceux qui veullent caporaliser cette banque ..
En attendant, le problème reste entier.
Financial Afrik