Les subventions sont souvent présentées comme un moyen de redistribuer les richesses et d’augmenter le bien-être des populations pauvres. En effet, la plupart des pays, mettent en place des subventions largement affichées comme des politiques pro-pauvres. L’expérience récente confirme cependant l’inefficacité de nombreuses subventions. C’est notamment le cas de la subvention du pétrole. Il en émerge de nombreuses allégations, incluant un paiement inapproprié de 700 millions de Nairas (4.458 millions $) de subvention quotidienne pour le pétrole.
Adedayo Thomas
Le pétrole, techniquement appelé (DPK) est essentiellement utilisé pour les tâches ménagères comme la cuisine au fourneau. Il est couramment utilisé par des personnes à faible revenu et des habitants de zones non-urbaines. Les subventions au pétrole sont conçues pour être un moyen de rendre la vie plus facile à cette population. Des faits émergeants des investigations en cours et les allégations de corruption ont cependant montré que la subvention au pétrole, comme la plupart des autres, a été un échec et est criblée de corruption. Malgré les échecs avérés des différentes formes de subventions, les décideurs politiques, soit par manque de connaissances ou pour gagner en popularité, feignent d’ignorer ces échecs mettant inlassablement en place de nouveaux modèles de subvention.
Pour replacer le contexte, il faut préciser que le pétrole est un produit importé. Le taux de consommation quotidien est de 12 millions de litres et le prix au débarquement est de 152 Nairas par litre selon l’Agence de la Tarification des Produits Pétroliers et de Régulation. Le prix officiel est de 50 Nairas par litre, ce qui signifie que le gouvernement subventionne à hauteur de 102 Nairas chaque litre de pétrole. Cette subvention a été inutile quand on sait que le produit est vendu à 130 Nairas en moyenne dans la plupart des stations de remplissage. Le fait que cela dure depuis des années est une indication de la conspiration à haut niveau impliquant certainement des personnes proches du sommet. Ceci parce qu’il est incompréhensible qu’un produit vendu ouvertement puisse avoir un prix supérieur à celui officiellement autorisé, tout en restant sur le marché depuis des années.
Ceci met au grand jour la corruption souvent liée aux produits subventionnés. Ce qui a été conçu comme une intervention pro-pauvres ne profite pas aux populations et cause ainsi plus de mal que de bien. Les subventions aident les riches plus qu’ils n’aident les pauvres. Dans le budget de l’État, la somme dépensée sur les subventions est pourtant comptabilisée comme dépenses pro-pauvres, mais, concrètement, l’argent se retrouve dans les poches des plus riches, vu que ce sont eux qui officiellement sont en charge des allocations.
Le régime de subvention en lui-même est mauvais, trompeur et néfaste pour l’économie car il fausse le marché. Il fausse la loi de l’offre et de la demande et perturbe ainsi les mécanismes d’autorégulation du marché. Lorsque les prix des produits sont fixés arbitrairement, soit par le régime de prix subventionnés ou par une quelconque intervention du gouvernement sur le marché, il est un frein à l’établissement de prix compétitifs, à l’innovation et à la stabilité, vu que les entrepreneurs sont dans un contexte où la concurrence est faussée.
Dans ce scénario tout le monde est perdant, mais ceux qui perdent le plus sont les pauvres, ceux la même que cette politique est sensée aider. Ils continueront à acheter à des prix beaucoup plus élevés que ceux que le marché leur aurait offerts naturellement. Cela montre clairement que la meilleure façon d’aider les pauvres est de permettre aux forces du marché de réguler les prix. En effet, les prix des produits diminueraient progressivement par les forces combinées de la concurrence et de l’innovation
La façon la plus logique d’aller de l’avant serait que le gouvernement annule toutes les subventions qui sont d’ailleurs bien souvent discutables puisque rien ne prouve qu’elles aident les pauvres. Un gouvernement sage devrait éviter les controverses en éradiquant simplement les subventions.
Adedayo Thomas, Lagos. Article initialement publié par AfricanLiberty.org – Traduction Libre Afrique
Publié en collaboration avec Libreafrique.org