L’édification d’une nouvelle Mauritanie fondée sur l’égalité des races et l’abolition totale et effective de l’esclavage constitue le principal axe de la nouvelle Mauritanie, la Mauritanie au pluriel. Voici ce qu’en pensent les leaders d’opinion et des acteurs politique de courants différents.
« L’esclavage en Mauritanie »
« Aucun mauritanien ne peut nier l’existence de l’esclavage en Mauritanie, même si tout le monde n’est pas d’accord sur la méthode par laquelle Ira (Mouvement abolitionniste) procède pour mener son combat. Il faut que les autorités s’engagent définitivement dans l’abolition de l’esclavage en Mauritanie. L’Etat fait partie de la communauté internationale et doit en conséquence appliquer et respecter les lois et les conventions qu’il à ratifiées »
Me Fatimata Mbaye, présidente de L’ Association mauritanienne des droits de l’homme(AMDH )
« Le poids du passif humanitaire »
L »a cohésion sociale de notre pays est ébranlée par les difficultés de cohabitation entre les communautés, le poids du passif humanitaire, la persistance des pratiques de l’esclavage et ses séquelles. Tous ces clivages créent des divisions au sein du peuple, à cause de l’absence de solutions adéquates aux revendications spécifiques »
Ahmed Daddah, demi-frère de feu Moktar Ould Daddah (premier président de la Mauritanie) et leader du RFD (Rassemblement des Forces démocratiques) , candidat malheureux aux présidentielles de 1992, 1997, 2002, 2007 et 2009. La plupart des scrutins présidentiels mauritaniens sont sujets à caution.
« C’est même une bonne chose… »
« Le président Mohamed Ould Abdel Aziz] s’attèle, avec acharnement, à moderniser le pays du « Trab-el bidhaan ». Ce qui, en soi, n’est pas mauvais; c’est même une bonne chose, louable dirons-nous. En revanche, ce qui est mauvais, c’est qu’il veuille le faire sans nous les Négro-africains. Il veut moderniser ce pays… mais sans NOUS; et cela est inacceptable! »
Samba Thiam, président du Front de libération des Africains de Mauritanie (FLAM), rentré d’exil à la fin 2013 après 27 ans d’éloignement.
Poudre aux yeux
« L’Etat mauritanien continue encore dans sa politique ‘poudre aux yeux’ parce que depuis l’édiction de la loi criminalisant ou incriminant l’esclavage en 2007, depuis tout ce temps, ce sont les anti-esclavagistes qui sont allés en prison, en réclamant l’application de cette loi. »
Biram Dah Ould Abeid, leader du mouvement abolitionniste IRA, lauréat du prix de l’ONU pour les droits de l’homme en 2013 et candidat déclaré aux élections présidentielles de 2014.
« Seul contre tous »
« Le président de IRA-Mauritanie fait aussi de sa lutte contre l’esclavage … « un instrument de promotion de carrière politique au service d’ambitions personnelles démesurées ». Et il n’hésite pas à se proclamer « Grand Maître d’Horloge de la Morale et Pape d’un nouveau Vatican de vertus, à insulter, à excommunier sans retenue et à pointer sur tout le monde un doigt accusateur et vengeur. (…) Voilà la posture typiquement d’extrême droite de Biram Ould Dah Ould Abeid« qui s’est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, poursuit Lô Gourmo. Mais, si le candidat à la présidentielle croit que la stratégie lepéniste du « seul contre tous » est payante, il fait fausse route ».
Professeur Lô Gorumo, vice président de l’Union des Forces progressistes (UFP), membre de la Coordination de l’opposition démocratique.
« Le système en place protège et encourage les esclavagistes »
Depuis les années 80, diverses tentatives ont été initiées, par les pouvoirs qui se sont succédé à la tête de la Mauritanie, mais toujours sans impact réel sur le drame des esclaves. Parce que, tout simplement, les maîtres ne veulent pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Le système en place protège et encourage les esclavagistes, par l’impunité dont ils jouissent devant les tribunaux ».
Samory Ould Bey, syndicaliste, président du Conseil National du parti Moustaqbel, membre de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD)
Tapage médiatique
La création de la Cour spéciale chargée des crimes d’esclavage « n’est rien d’autre qu’un tapage médiatique et politique« .
« Les tribunaux et les textes de loi existent. Mais, il manque une volonté sérieuse de lutter contre l’esclavage et ses séquelles »
Mahfoud OuldBatah, avocat et président du parti d’opposition mauritanien,« Convergence Démocratique »