Les barrages de Felou et de Gouina, vecteurs de l’intégration régionale
Situé sur le cours principal du fleuve Sénégal, en territoire malien et précisément à 15 km au sud-ouest de la ville de Kayes, le barrage hydroélectrique de Felou a été inauguré le 17 décembre 2013 par les chefs d’Etat du Mali, de la Mauritanie, du Sénégal et le premier ministre de la République de Guinée.
Le démarrage de cet ouvrage essentiel dans la mise en valeur des eaux du fleuve Sénégal et l’intégration économique des paysmembres, a coïncidé avec la pose de la première prière de l’aménagement hydroélectrique de Gouina. Le barragede Félou a une longueur de de 945 mètres et une hauteur maximale sur terrain naturel (TN) de 2 mètres.
La centrale est équipée de 3 groupes de type bulbe. La chute maximale est de 139,9 mètres. Le productible annuel est de
431 GWH pour une puissance installée de 60 MW. L’ouvragea été réalisé par l’entreprise SYNO-HYDRO sous la supervision technique du groupement d’Ingénieur Conseils SOGREAH/ ARTELIA.
Quant au barrage de Gouina, financé par l’Eximbank de Chine, il sera construit en territoire malien, à environ 80 km en amont de la ville de Kayes, 195 km à l’aval du barrage de Manantali, et 64 km à l’amont des chutes de Félou. Le projet consiste en la construction d’un barrage à seuil déversant au droit du lit mineur du fleuve à l’amont immédiat des chutes de Gouina, la création d’un réservoir à la côte de retenue normale et la construction d’un canal de dérivation et d’une usine hydroélectrique de 140 MW de puissance installée en rive gauche. Le productible attendu est estimé à 620 Gwh.
L’investissement pour le barrage de Félou s’élève à 125,7 millions d’euros financé conjointement par l’Association Internationale pour le Développement (IDA), la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et les gouvernements du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie.
Ces deux barrages, Félou et Gouina, s’inscrivent dans la longue chaîne de réalisation de l’Organisation de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), créée en 1972, et qui intervient dans la production d’énergie hydroélectrique, la fourniture d’eau d’irrigation grâce à l’action combinée des barrages, de la promotion du volet navigation et du projet «Programme de Gestion intégrée des ressources en eau et de développement des usages multiples du fleuve Sénégal (PGIRE).Comme l’a déclaré, le haut-commissaire de l’OMVS, Kobiné Komara, l’organisation sous régionale est une expérience unique: « Le monde compte aujourd’hui près de 120 organisations de bassin reparties sur une centaine de pays. Parmi toutes ces organisations, l’OMVS se distingue comme étant la seule organisation de bassin au monde dont les principes fondateurs et les prescriptions subséquentes définissent la propriété commune des eaux du fleuve et ses affluents, mais également le principe cardinal suivant lequel tout ouvrage d’importance réalisé sur le fleuve est la propriété commune et indivisible des Etats qui le financent ensemble et en partagent équitablement les bénéfices. C’est fort de ce socle juridique exceptionnel que l’organisation a pu réaliser des projets d’envergure tels que le barrage anti-sel de Diama à Saint-Louis en 1986 , dont l’impact direct permet de faciliter l’alimentation eau des villes de Dakar (près de 50% ) et Nouakchott(100%) , sans compter l’irrigation de près de 100 000 ha de terre à ce jour.
Cette infrastructure est gérée par notre société dénommée Société de Gestion du barrage de Diama, SOGED, avac siège à Nouakchott. Cet ouvrage a été suivi en 1988 par le barrage de Manantali qui permet la régulation du fleuve et la production de 200 mégawatts d’électricité repartie entre les trois premiers Etats fondateurs.
Apres avoir largement réussi la maîtrise de l’eau, l’OMVS donne un coup d’accélérateur à la valorisation des ressources pour la production d’énergie, car l’énergie n’est plus seulement qu’un facteur de production mais surtout un important levier de promotion sociale et de stabilité politique. »
Une vision à long terme
Les barrages de Félou et Gouina s’inscrivent dans un programme de développement contenu où l’anticipation et la planification prennent une part importante. La liste des infrastructures futures, qui seront réalisées pour la plupart dans le cadre d’un partenariat public privé (pour ne pas alourdir l’endettement des Etats), comprend notamment les barrages de Koukoutamba (887 Gwh de potentiel énergétique annuel), de Gourbassi (68 Gwh) et de Boureya (733 Gwh). Situé
en Guinée, le barrage de Koukoutamba, d’une capacité de près de 300 MW, sera couplé avec une ligne d’interconnexion
qui reliera la Guinée à l’actuel réseau interconnecté de l’OMVS.
Dans le souci d’une action planifiée à long terme, l’OMVS a mis en place un Schéma directeur d’aménagement et de
gestion (Sdage), qui est un document de planification établi à l’horizon 2025.
Cette vision à long terme s’accompagne d’une consolidation des acquis et d’une institutionnalisation renforcée
par l’Organisation régionale, dotée désormais d’un siège ultramoderne à Dakar –Colobane, avec un centre d’archivage moderne.
Des efforts de modernisation et d’institutionnalisation allant dans le sens de la transparence et de l’efficacité voulue par les partenaires de développement et les bailleurs de fonds de l’organisation.
D’après le Magazine Financial Afrik numéro 3