Pour une politique industrielle dynamique
Le lancement du rapport économique sur l’Afrique 2014 a clôturé, dimanche 31 mars, la 7e conférence des ministres africains des Finances tenue à Abuja du 24 au 30 mars avec la présence records de 2000 délégués, experts, partenaires et médias.
Photo des gouverneurs des banques centrales africaines réunis à Abuja, le 27 mars 2014.
Fruit du travail de la Commission économique pour l’Afrique et de la Commission de l’Union Africaine, le rapport 2014 sur l’Afrique souligne, en prolongement du rapport 2013, la nécessité de l’industrialisation pour la transformation structurelle et le relèvement des niveaux de vie.
Le secteur manufacturier représente une contribution marginale dans la croissance de 5 à 7% enregistrée par le continent durant la dernière décennie, lit-on dans le préambule de ce rapport. L’un des paradoxes du continent soulevé tient au déplacement noté des ressources , des secteurs à plus forte productivité vers des secteurs à plus faible productivité, ralentissant ainsi la croissance de la productivité au niveau national.
Le déplacement des facteurs de production de l’agriculture et de l’industrie vers les services correspond à cette situation commune à beaucoup de pays africains. Il est paradoxal à ce titre que l’Afrique se soit désinstruandalisé (la part de l’industrie dans le PIB a reculé de 12,5% en 2004 à 9,6% en 2013). «Un tel constat est préoccupant dans la mesure où l’industrie a traditionnellement été une source de création d’emplois pour de nombreux pays en développement », lit-on dans le rapport.
La demande intérieure soutient désormais la croissance
Côté prévisions, le rapport 2014 prévoit une croissance de 4,7% en 2014 et 5% en 2015. L’Afrique de l’Ouest représente le premier pôle de croissance avec 6,7% en 2013 tirée par le Nigeria (6,5%). Fait inédit, le géant ouest africain est arrivé à compenser la baisse de ses exportations de brut par la demande intérieure. Cette partie du continent profite aussi du réveil dela Côte d’Ivoire (8,8%) en reconstruction.
Autre pôle en forte croissance, l’Afrique de l’Est (6%) où le leader régional kenyan a clôturé l’année 2013 avec une hausse de de 5% de son PIB contre 4,7% en 2012 en raison, là aussi, de l’augmentation des dépenses privées. Aux côtés du Kenya, la Tanzanie a réalisé une croissance de 7,2% en 2013 grâce aux investissements dans le gaz mais aussi, de la consommation des ménages. La croissance a été aussi vive au Rwanda (7,4%), en Ehiopie (6,9%) et en Erythrée (6%).
Contrairement à l’Afrique de l’Ouest et à l’Afrique de l’Est, l’Afrique centrale évolue dans une tendance baissière, de 5,8% en 2012 à 4,2% en 2013 en raison de la violence et, notamment, de la crise en Centrafrique. Ce dernier pays a vu son économie se rétracter de 8,9%.
La croissance en Afrique australe a quant à elle remonté de 3,5% en 2012 à 3,6% en 2013. Dans cette région, la faible croissance accusée par l’Afrique du Sud (2,7% en 2013) est compensée par l’impressionnante poussée de la Zambie (7,7%) et l’Angola (6,8%).
Aux côtés de l’Afrique Centrale, l’Afrique du Nord a été l’une des régions à faible croissance en 2013 à cause entre autres d’un solde plus long que prévu du printemps arabe. La région n’a enregistré que 2,3% de croissance en 2013 contre 7% en 2012. La Mauritanie a réalisé une croissance de 6,7%, ce qui reflète, lit-on dans le rapport, l’accroissement des investissements dans les secteurs pétroliers et miniers et l’appui des donateurs . Le Maroc qui est passé de 2,7% en 2012 à 4,7% en 2013 est, à l’instar du Nigeria, tiré par une forte demande intérieure qui est un signe du développement des classes moyennes et de la transition économique. L’autre géant du Maghreb, l’Algérie, affichait une croissance de 3% en 2012 portée par une politique budgétaire «expansionniste ».
D’ une manière générale, l’Afrique est en croissance. Celle-ci reste néanmoins sous-estimée selon les auteurs du rapport qui insistent sur l’industrialisation et son préalable, le financement. Au sortir de la réunion d’Abuja, c’est certainement l’engagement des banques centrales Africaines (12 étaient représentées) à ajouter à leur rôle classique de gardiennes de la stabilité des prix celui d’organes de stimulation de l’économie qui constitue l’une des meilleures nouvelles.
Avec 600 milliards de dollars de réserves accumulées dans les bons de Trésor américains, l’or et des placements peu rentables, les banques centrales africaines ont les moyens de financer les infrastructures de l’intégration.
2 commentaires
il faut élargir ces informations afin qu’elles soient public connue par tout le monde.
Vous avez raison.Le rapport économique sera bientôt disponible sur le site de la Commission économique de l’Afrique (CEA°)
Financial Afrik