La monétique est l’utilisation de la monnaie sous forme électronique pour effectuer des achats de biens et services, des paiements de factures sur des terminaux ou via internet, le mail et le téléphone. La carte plastique est le support transactionnel de données utilisée dans la monétique. Elle existe depuis plus de 50 ans et a évolué en qualité avec des normes ISO et en sécurité avec une puce électronique intégrée.
Par Demba Diawara*
La monétique en Amérique et en Europe a atteint un tel haut niveau de développement qu’elle est utilisée par les institutions bancaires comme outil d’octroi de crédit de toute sorte. Aussi tous les commerçants soucieux d’attirer le maximum de client demandent à joindre les réseaux d’acceptation internationaux de carte.
Quant est-il de l’Afrique, spécifiquement de l’Afrique francophone ?
Globalement pour nos banques en Afrique francophone, la monétique ne fait pas parti des services stratégiques de la banque. A dire vrai, elle est considérée comme un centre à charges car toujours mal connue. La carte est juste perçue comme un outil de retrait d’espèce au guichet automatique de banque (GAB). C’est la raison pour laquelle les prix des services supportés par les clients sont encore très élevés.
Pourtant à y regarder de plus près, il est possible de faire de la monétique un centre de profit. Pour cela la banque doit mettre un modèle qui fait de la monétique une partie intégrante de la relation clientèle vue à 360°.
Donner une carte à un client, c’est lui donner un moyen de paiement, dont l’utilisation sera motivée par l’aisance d‘une acceptation mondiale, l’attribution de facilité bancaire (découvert), l’accès à ses fonds à tout moment et de bénéficier de services à valeur ajoutée (programme d’affiliation).
En échange de cela la banque génère des intérêts de débit, des commissions, des revenus d’interchange1 et fidélise le client.
D’un point de vue global, l’activité monétique génère des revenus importants pour la banque.
Je prends pour exemple une banque qui a dix mille porteurs de cartes et chaque porteur ne fait qu’un seul paiement de cent mille francs par mois, ce qui est un scenario plutôt pessimiste. Mais cela génère pour la banque un revenu moyen en interchange d’environ 150 million FCFA par an. En y ajoutant les frais annuels facturés aux clients des dix milles cartes (exemple : vingt mille FCFA2) et les commissions (exemple : deux mille FCFA2) pris sur les comptes des clients par retrait au GAB (exemple : cinq retraits mensuel par carte), le revenu annuel sur l’activité dépasse facilement 1,5 milliards FCFA. Le calcul est vite fait.
Ceci n’est juste qu’un aperçu des postes de revenu, il y a aussi les gains de change sur les transactions internationales, les commissions sur les transactions reçu des marchands (pour une banque qui fait de l’acquisition TPE3 et/ou Internet) et bien d’autre revenu, car les banques en Afrique francophone facturent plusieurs services connexes aux clients.
Au niveau des charges d’exploitation, elles ne sont pas aussi exorbitantes qu’on pourrait le croire.
Elles sont généralement composées du coût de production des cartes (environ 2 Euros par carte), des coûts de traitement des transactions et des frais annuels qui payés au réseau d’acception international. Ces coûts sont tout à fait contrôlables. Dans le cas de notre exemple, le total de ces deux coûts pourrait atteindre environ de 20 millions FCFA par an. Et il y a aussi les pertes de change sur les transactions internationales.
Nous voyons là très bien que l’activité monétique est bien un centre de profit.
Cela dit le développement de la monétique en Afrique francophone est conditionné par la mise à disposition des TPE chez tous les marchands et commerçants. Et que ceux-ci acceptent et préfèrent la carte comme moyen de paiement. Et pour cela une stratégie commerciale qui englobe des produits bancaires adaptés doit être construite par les banques. Car en fin de compte, c’est les banques qui recevront les flux transactionnels qui augmenteront leurs ressources.
Demba Diawara
(1) L’interchange est un frais que paye le marchant à la banque du porteur de carte pour le paiement du bien ou du service. C’est un pourcentage qui peut atteindre 2% du montant du paiement.
(2) Ce montant est appliqué par certaines banques en Afrique francophone.
(3) TPE : Terminal de Paiement Electronique.
*A propos de l’auteur
Demba Diawara a plus de 12 années d’expériences dans les technologies informatiques et monétiques. Il a travaillé au développement de la monétique au sein plusieurs banques régionales Africaines. Il a actuellement en charge du développement de la monetique en Afrique au sein d’une multinationale américaine.
5 commentaires
Article très instructif. Merci pour le Partage.
Clair net et concis! Bravo Demba!
Très bel article, très instructif, merci de partager avec nous ton savoir.
Article en effet tres instructif, mon opinion est que tant que le taux de bancarisation sera aussi faible en Afrique, la monetique ne decollera pas, Je suppose que plus de 75% des usagers qui ont un compte bancaire possede de facto une carte magnetique, donc l’accent doit etre mis sur le taux de bancarisation , de plus comme le dit l’auteur ,il faudrait mettre sur le marche des packages offrant des avantages aux detenteurs de carte magnetique . Notons par ailleurs que cet etat de fait reste etroitement lie au faible pouvoir d’achat des consommateurs Africain.
très instructif, merci pour ce partage.
je crois aussi, que la partie marketing de la banque globalement, et de la carte magnétique particulièrement, doit être plus dynamique, sur les offres et surtout sur des concepts d’animation. c’est à cette seule condition que les détenteurs de cartes percevront l’opportunité de les utiliser, au delà des opérations classiques de retraits, consultations de soldes et dernières opérations.
enfin, la carte est un très bon instrument au service de la stratégie de rétention-fidélisation clients. ceci n’est pas toujours mis en avant par les banques du marché.
maintenant, comment se positionne la carte magnétique, face à la montée du mobile money, qui vient comme solution, d’abord pour la cible faibles revenus/non détenteurs de comptes bancaires, en plus des détenteurs de comptes bancaires???
vos avis sur la question.
thanks.