Le Rwanda dans une géopolitique compliquée
20 ans après le génocide qui a vu 1 millions de rwandais massacrés en 100 jours, Paul Kagamé (peint ci-contre par George Bush), 56 ans, le président africain le plus populaire sur Twitter (315 000 followers), doit désormais composer avec un froid glacial qui souffle de Washington (inédit) Pretoria (rare) et Paris (un malentendu persistant).
Un rapport de l’ONU sur le soutien du Rwanda aux rebelles du M23 a fragilisé le consensus liant Kigali à Washington. Par contre, les relations continuent de se dégrader avec Paris en dépit du jugement obtenu à l’arraché d’un ex génocidaire sur le sol français, le 25 mars dernier. « C’est le rôle de la France dans le génocide qu’il conviendrait d’examiner », dit-il dans la dernière livraison de Jeune Afrique.
Apparemment sa rencontre avec François Hollande, le 2 avril à Bruxelles, était destinée aux photographes. Les relations entre Kigali et Paris se sont envenimées après la défaite infligée l’an dernier par la brigade spéciale d’intervention de la Monusco aux rebelles pro-rwandais du M23. En plus d’une situation délétère avec Kinshasa, Kigali doit considèrer le paramètre Tanzanien. Le président Kikweté multiplie les critiques envers Kagamé qu’il demande d’engager le dialogue avec les milices hutues des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). Cette hostilité avec Pretoria et Dar Es Salam pèse sur le plan diplomatique mais aussi militaire. La force de la Monusco qui a défait les milices du M23 et composés de sud-africains et de tanzaniens dans sa majorité.
Les relations avec l’Afrique du Sud ont atteint un point de non retour le 31 décembre, avec l’assassinat du colonel Patrick Karegeya, un opposant rwandais en exil. En mars 2013, c’est un autre opposant rwandais, à savoir l’ancien chef d’état-major Faustin Kayumba Nyamaswa, qui a échappé de peu à un attentat. Pretoria accuse Kigali qui réfute. « Les autorités sud-africaines ont parlé de preuves : où sont-elles ? », lance le chef de l’Etat rwandais dans Jeune Afrique.
Chef d’orchestre d’un bond économique sans précédent du Rwanda, qui a progressé au rythme d’un taux de croissance de 10% par an entre 2000 et 2010, le PDG de l’entreprise Rwanda risquerait d’entamer son capital sympathie auprès des institutions internationales s’il envisage de modifier la constitution de son pays pour se représenter en 2017. A moins que le pragmatisme légendaire des institutions de Bretton Woods ne viennent nous surprendre!